Monthly Archives: juin 2021
Non, l’Ambassade de France à Yaoundé ne perçoit ni 38 millions de frais, ni 950 demandes de visa par semaine.
Depuis le 8 juin 2021, un message fait le tour des réseaux sociaux. Il indique que l’ambassade de France à Yaoundé reçoit 950 demandes de visas par semaine à raison de 40.000 FCFA de frais de visas par demandeur. Ce qui donne une recette hebdomadaire de 38 millions de FCFA à cette Chancellerie .
Nous avons vérifié pour vous : la réponse est NON
La publication est abondamment relayée sur la messagerie WhatsApp. S’agissant des réseaux sociaux notamment Facebook, les comptes ci et ici partagent cette publication comme pour respecter la consigne contenue dans la dernière phrase. Les posts indiquent que le consulat de France à Yaoundé reçoit 200 demandes de visas par jour du lundi au jeudi soit 800 demandes en 4 jours et 150 demandes de visas le vendredi. Ce qui nous donne un total de 950 demandes de visas par semaine. On peut y lire que chaque demandeur de visas paie 40.000 francs CFA de frais non remboursables.
Des incongruités dans le texte
Dès qu’on entre « 200 demandes de visas par jour du lundi au jeudi soit 800 demandes en 4 jours au consulat de France » dans la barre de recherche Facebook, on tombe sur une multitude de posts ayant le même intitulé mais seul le nom des villes de différents pays change. Ici, on peut lire un post du 31 mai 2021, publié par la page d’un site d’information en ligne, qui reprend mot pour le mot le texte en circulation mais parle cette fois de Dakar au Sénégal. Ledit post a enregistré 456 réactions et 115 commentaires et 709 partages en 10 jours.
L’ambassadeur de France au Cameroun dément
Contacté par e- mail, Christophe Gillou, l’ambassadeur de France au Cameroun réagit :
« Tous les chiffres mentionnés sont faux. Cela fait un an que nous ne délivrons quasiment plus aucun visa»
Au sujet du nombre de demande de visa reçu par semaine avant la fermeture des frontières en mars 2020, suite au Covid19, Margot DUBERTRAND, Chargée de communication et attachée presse à l’ambassade de France au Cameroun précise
«Avant le début de la pandémie, nous estimons que les demandes de visas Schengen pouvaient aller jusqu’à 190 par semaine. »
Réouverture des demandes de visa
Quand on entre sur le site de l’ambassade de France au Cameroun, des informations qui défilent à la Une du site, on note un titre qui parle de réouverture progressive de la délivrance des visas. L’article dont la dernière modification a été opérée le 28 mai 2021, précise que l’Ambassade de France au Cameroun ainsi que le Consulat général de France à Douala acceptent désormais le dépôt des demandes de renouvellement de visas Schengen dits « de circulation » (validité du visa comprise entre 6 mois et 5 ans), sous réserve que le dernier visa de circulation obtenu ait été délivré par l’un de ces postes et que ce même visa ait expiré depuis moins de quinze mois, à compter de mars 2020. Cette procédure annoncée le 30 avril 2021 par le président Français, s’inscrit dans les étapes du déconfinement.
Le Code des visas de l’Union Européenne
Selon Margot DUBERTRAND, « le montant des droits de visas est fixé par l’article 16 du Code des visas de l’Union Européenne. Il varie selon la situation du demandeur. Les demandeurs s’acquittent des droits de visa d’un montant de 60 EUR (39.372F.Cfa), les enfants de 6 à moins de 12 ans s’acquittent des droits de visa d’un montant de 35 EUR (22.967F.Cfa). Le montant des droits de visa est adapté régulièrement pour tenir compte des frais administratifs.»
Selon ledit règlement n° 810/2009 du parlement européen et du conseil du 13 juillet 2009 établissant un code communautaire des visas et considérant le point 23 qui indique qu’un site internet commun consacré aux visas Schengen doit être créé en vue d’améliorer la visibilité de la politique commune des visas et de lui donner une image uniforme. Ce site sera un outil permettant de fournir au grand public toutes les informations pertinentes ayant trait aux demandes de visa.
52.000 F.Cfa les frais de visa Schengen / 65 000 FCFA le visa long séjour
Quand on rentre les mots clés « visa Schengen France » dans le moteur de recherche Google, on tombe sur le site officiel des visas pour la France. La page d’accueil indique les pays qui ont besoin de visa pour la France. Dès qu’on clique sur Cameroun, une page s’ouvre avec plusieurs indications parmi lesquelles, celle sur le tarif. L’icône ‘tarif’ donne sur une page avec un lien pdf. Le document pdf consultable ici. Il ressort que, le prix du visa est fonction de la catégorie de visa demandé et de la situation du demandeur. Le plein tarif d’un visa Schengen et Visa de transit aéroportuaire s’élève à 52.000 Fcfa, le Visa de long séjour coûte 65.000F.Cfa et pour un enfant adopté 10.000F.Cfa.
Donc même en multipliant le montant maximum de 65.000FCFA par 190 demandes de visa, on arrive à la somme de 12.350.000 FCFA. Bien loin des 38 millions annoncés dans les messages en circulation.
Armelle Sitchoma
Non, ce réseau de lavage de préservatifs pour les remettre sur le marché n’a pas été démantelé au Cameroun
Depuis le 29 Mai 2021, une image exposant des préservatifs déjà utilisés, nettoyés et empilés dans des sacs en plastique fait le tour des groupes WhatsApp au Cameroun. Elle est présentée comme le résultat du démantèlement d’un réseau par la police.
Nous avons vérifié pour vous. La réponse est : NON
La photo qui fait le tour est accompagné du commentaire « Démantèlement par la police d’un réseau de lavage de préservatifs pour les remettre sur le marché. » Les deux éléments sont précédés de la mention « transféré de nombreuses fois ».
Pour vérifier, nous avons entré ladite image dans l’outil de vérification d’image Yandex. Le résultat de la recherche d’images inversées a permis de trouver plusieurs autres photos semblables avec des liens d’article sur le sujet.
Binh Duong dans le sud du Vietnam
Capture d’écran lien article sur Yahoo. Capture d’écran résultat de recherche sur Yandex.
Parmi les liens, un article renvoi au site news du moteur de recherche Yahoo. Publié le 25 septembre 2020, l’article est titré « La police vietnamienne saisit 320 000 préservatifs usagés reconditionnés et vendus comme neufs». L’article qui cite le journal américain ‘Le New York Times’ et l’agence de presse ‘Associated Press’ indique qu’ « À leur arrivée à l’usine, les inspecteurs ont trouvé des sacs d’environ 320 000 préservatifs recyclés qui avaient été bouillis, séchés, remodelés, puis reconditionnés dans des sacs en plastique. »
L’agence de presse ‘Associated Press’ qui a publié son article le 24 septembre 2020, reprenant les médias Vietnamiens dont le journal public Tuoi Tre , explique « À la suite d’un conseil d’un résident local, les inspecteurs du marché provincial de Binh Duong ont effectué ce week-end une descente dans une usine près de Ho Chi Minh-Ville où ils ont trouvé des préservatifs usagés reconditionnés pour être vendus au marché. »
Les faits remontent en septembre 2020
Nous avons entré les mots clés « Journal Tuoi Tre + recyclage préservatifs usagés pour la revente » et nous sommes tombés sur le lien du journal vietnamien Tuoi Tre qui relate ces faits. L’article qui situé les faits le mardi 22 septembre de l’année 2020 raconte aussi que c’est près de 324 000 préservatifs usagés, soit l’équivalent de 360 kilos qui ont été recyclés dans l’établissement. La police a confisqué tous les produits de l’installation qui était située au DX12, quartier Hoa Nhut, quartier Tan Vinh Hiep, province de Binh Duong, située dans le sud du Vietnam. Pham Thi Thanh Ngoc, la propriétaire de l’établissement, a admis qu’elle avait reçu un apport mensuel de préservatifs usagés d’une personne inconnue.
Chaque année, les Vietnamiens utilisent 500 à 600 millions de préservatifs, selon les statistiques. L’utilisation de préservatifs provenant de sources de fabrication douteuses constitue une énorme menace pour la santé humaine, y compris une infection grave, précise l’article de Tuoi Tre.
Non, cette usine de fabrication de fausses cigarettes n’a pas été démantelée au Cameroun
Une publication partagée sur les réseaux sociaux parle d’une usine de fabrication de fausses cigarettes démantelée au Cameroun. Une photo de ladite usine accompagne le texte.
Nous avons vérifié pour vous. La réponse est : NON
La publication a abondamment été partagée sur plusieurs comptes Facebook (c’est le cas ici et ici), sur Twitter (ici) et sur la messagerie WhatsApp le 2 juin 2021. Pour vérifier l’origine de cette photo qui a suscité des centaines de commentaires en seulement 24 heures, nous avons effectué une recherche d’image inversée avec Googles Images. La plupart des résultats renvoient vers des sites Web allemands. Nous choisissons de cliquer sur l’un des liens. L’article est rédigé en Allemand. Google Translation s’avère utile.
Après traduction en français, on obtient en titre : « Usine de cigarettes illégale à Kranenburg – douze hommes condamnés à la prison ». L’article rapporte que le tribunal de district de Clèves a condamné douze hommes à deux ans et demi de prison pour l’une des plus grandes usines de cigarettes illégales jamais découvertes en Allemagne. Ils ont été reconnus coupables d’évasion fiscale, de vol fiscal et de violation du droit des marques ou de complicité. Les faits sont donc bien situés en Allemagne.
En Allemagne le 18 août 2020
Un autre article dans lequel figure la photo en circulation est plus explicite et note que les faits se sont déroulés dans l’Etat de Rhénanie du Nord-Westphalie, dans le district de Clèves. L’usine illégale qui produisait 10 millions de cigarettes par semaine a été démantelée le 18 août 2020. Les forces de l’ordre ont saisi six tonnes de tabac, environ 55 000 cartouches de cigarettes Richmond, du papier, filtre, du papier à cigarette, des emballages.
« Selon les enquêteurs, il s’agissait d’une installation de production ‘’hautement professionnelle et très coûteuse’’. (…). Il y aurait au total douze suspects polonais et ukrainiens âgés de 28 à 59 ans »,
rédige l’auteur de l’article. Qui fait savoir en outre que les cigarettes contrefaites affecteraient les marques « Richmond », « Regal », « Richman » et « Mayfair », entre autres. Le préjudice estimé de la taxe sur le tabac hebdomadaire causé par cette production illégale a été évalué à environ 1,5 million d’euros. L’usine en question aurait ouvert ses portes depuis fin 2016.
Plusieurs pages en Côte d’Ivoire, telles NouvelleIvoire, AbidjanTv ont repris ce Fakenews sur Facebook. Mais Il n’en est rien. Les faits ne se sont pas déroulés au Cameroun, encore moins cette année.
Mathias Mouendé Ngamo
Non cette image ne représente pas la falaise de Dschang au Cameroun
Une image représentant le tracé serpenté d’une route construite au-dessus d’une montagne fait le tour de la toile. Elle est présentée comme étant une vue aérienne de la falaise de Dschang, à l’Ouest du Cameroun.
Nous avons vérifié pour vous, la réponse est : NON
L’image largement partagée dans les fora WhatsApp est accompagnée du message : «La falaise de Dschang: vue aérienne. bien voir avant d’aller y jouer les grands chauffeurs ». Une mise en garde qui intervient à la suite de deux accidents routiers qui ont causé la mort de plus de 60 passagers sur ce site accidentogène. Mais s’agit-t-il de la falaise de Dschang ? Pour le vérifier, nous avons effectué une recherche d’image inversée sur Google Images. Les premières pages de résultats renvoient à la localité de Gembu dans l’Etat de Taraba à l’Est du Nigéria.
Il faut aller jusqu’à la 7ème page des résultats sur Google pour obtenir une indication différente. Ici, des articles situent le lieu au Nigeria certes, mais dans la localité d’Obudu dans l’Etat de Cross River. Cet article qui contient la photo en circulation sur la toile présente également d’autres angles de prise de vue de la montagne Obudu. On y reconnait le décor. D’après l’article, le site plus connu sous l’appellation d’ ‘’Obudu Cattle Ranch’’, est l’un des centres touristiques les plus beaux et agréables du Nigeria, situé sur le plateau Obudu, près de la frontière camerounaise, dans la partie Nord-est de l’Etat de Cross River.
Obudu Mountain dans l’Etat du Cross River au Nigeria
Capture d’écran recherche d’image Obudu Mountain sur Google Capture d’écran vidéo sur Obudu Mountain
En entrant ensuite les termes «centre touristique Obudu Mountain» dans la barre de recherche Youtube, un lien porte pour intitulé « Obudu Mountain Resort: Nigeria’s Fading Tourism Destination » (« Obudu Mountain Resort : la destination touristique en déclin du Nigeria »). La vidéo est un reportage sur le site touristique d’Obudu Mountain Resort. Dans le reportage de 26 minutes, la plaque y apparait très clairement et l’indication de l’Etat de Cross River figure sur un des habillages dès le début.
Un autre reportage sur Obudu Mountain permet d’apprécier les charmes de ce site touristique avec des vues aériennes qui captent l’image en circulation. On y découvre un espace hôtelier, un chemin de canopée, une chute d’eau, mais aussi un système de transport par câbles téléphériques. De ce point, il est visiblement aisé de réaliser une prise de vue similaire à celle en circulation sur la toile et présentée à tort comme étant la falaise de Dschang. La légende sous la vidéo postée en février 2018 indique bien: Obudu plateau, dans l’Etat de Cross River au Nigéria.
D’autres vidéos comme ici présentent également les charmes de ce cadre touristique. Un voyage à moto filmé sur Obudu Mountain est également disponible sur la toile. Si vous souhaitez plutôt une visite guidée à travers des images du site, cette autre lien en ligne vous tiendra la main.
Mathias Mouendé Ngamo