Monthly Archives: novembre 2020
NON, les codes #199*3# et #150*6*7# ne permettent ni de retrouver le numéro de CNI d’une personne, ni de réinitialiser le code secret Orange Money
Les codes #199*3# et #150*6*7# permettent-ils de retrouver le numéro de Ccarte nationale d’identité d’une personne ou de réinitialiser le code secret Orange Money ?
Nous avons vérifié pour vous : la réponse est NON
Depuis quelques jours, une alerte invitant à ne plus laisser son téléphone à la portée de n’importe qui fait le tour de la messagerie et des statuts WhatsApp. Le contenu du message indique qu’à partir du code #199*3# on peut retrouver le numéro de votre CNI et réinitialiser le code secret orange money avec le #150*6*7#.
L’alerte indique « Bsr chers amis. Ne laissez plus votre téléphone à la portée de n’importe qui, si vous avez de l’argent dans votre compte Orange money. Sachez que sans votre code secret on peut transférer votre argent. »
Le « technicien informatique » « auteur de la découverte » va plus loin en rendant public les résultats de sa recherche pour donner le crédit à son récit. « En effet, en entrant le #199*3# on peut retrouver le numéro de votre CNI. Et avec le numéro de votre CNI on peut réinitialiser votre code secret avec le #150*6*7#. Un technicien informatique vient de m’informer. Faisons attention !!! »
Nous avons essayé la procédure recommandée par le « technicien informatique » pour retrouver le numéro de carte nationale d’identité (CNI).
Premier test: #199*3#
Quand on tape le code #199*3# ok, on tombe dans le portail d’identification. La fenêtre offre 3 options. 1 : vérifiez votre identification, 2 : vérifiez l’identification d’un tiers et 3 : authentifiez votre POS. Puis il y a le 9999 : accueil et le 7777 : précédent.
Nous avons d’abord choisi de sélectionner l’option 1: Vérifiez votre identification. Ici, l’opérateur propose deux choix pour vérifier votre identification. 1: Via le numéro de téléphone ou 2: Via le numéro de pièce d’identité. Via « le numéro l’opérateur » vous donne votre nom, prénom, trois derniers numéros du document. À pièce d’identité disponible la réponse est non. Le nombre de ligne, le statut et la conformité de l’identification sont précisés.
Impossible donc à travers cette option d’avoir le numéro de CNI d’un client.
#150*6*7# ne réinitialise pas le code secret
Nous entamons avec le choix 2 : via le numéro de pièce d’identité. Ici l’opérateur demande d’entrer le numéro de votre pièce d’identité. Quand bien même on entre le numéro d’identité on retombe sur la fenêtre que celle de la première option.
Quand vous choisissez de vérifier l’identification d’un tiers, on vous informe que vous n’avez pas accès à ce service.
Le code #150*6*7# vise bien à modifier le code secret du compte orange money. Seulement, quand on entre le code on vous demande de saisir le numéro de votre CNI. Une fois ce numéro entré, l’opérateur de téléphonie mobile propose pour des raisons de sécurité d’enregistrer au préalable des réponses secrètes en contactant le 951 ou en allant sur leurs pages officielles sur les réseaux sociaux.
Impossible pour Orange Cameroun
Toute chose que confirme l’opérateur Orange Cameroun. Contacté par stopintox, Rita Soya, responsable produit affirme que c’est un fake. « Non ce n’est pas possible », précise-t-elle.
Elle ne manque pas de preciser qu’ « il est possible pour vous client de réinitialiser votre mot de passe vous même sans avoir besoin de vous rendre dans une agence. Cela est possible sous certaines conditions dès lors que vous avez une certaine ancienneté sur le service et que vous avez préalablement enregistré vos questions/réponses secrètes connues par vous seuls. Dans ce cas vous pouvez effectivement réinitialiser votre mot de passe en self sur votre mobile. »
Elle conclut en appelant les clients à plus de vigilance «aucune opération d’identification ou de mise à jour des informations de votre compte ne se fait par appel de nos équipes. Orange Cameroun contactera toujours via le 690009000, 690009200 ou le 690009500. Votre code secret Orange Money est une information strictement confidentielle. »
Impossible donc de réinitialiser votre code secret juste avec le numéro de votre carte nationale d’identité.
Armelle Sitchoma
Non, cette image n’est pas celle de l’autoroute Douala-Yaoundé
Cette image abondamment relayée sur les réseaux sociaux notamment Facebook et Twitter qui prétend montrer l’évolution des travaux est-elle celle de la future autoroute devant relier les villes de Douala et Yaoundé au Cameroun ?
Nous avons vérifié pour vous : la réponse est NON
De nombreuses publications sur les réseaux sociaux indiquent que les travaux de l’autoroute Douala-Yaoundé avancent. (1, 2, 3…) Ces publications sont illustrées par l’image d’une autoroute 2×3 voies avec un tronçon complètement bitumé et une autre partie en chantier. La photo de ladite autoroute postée sur la page facebook d’un journaliste a enregistré plus de 3500 réactions, 1300 commentaires et 264 partages en l’espace de quatre jours.
La même image est utilisée par le site web officiel du média à capitaux publics camerounais pour illustrer un article intitulé « Office national des routes : discussion sur la maturation des projets de développement des infrastructures.» article posté sur la page facebook du même média, 650 réactions et 330 commentaires.
L’article qui a enregistré plus de 4471 vues sur le site revient sur la tenue de 23ième session du Conseil national de la route. À l’intérieur, le journaliste indique que « Le Premier ministre a regretté que d’autres projets comme les autoroutes Yaoundé – Douala et Yaoundé – Nsimalen, et le tronçon Nsangmelima – Ouesso entre autres souffrent encore d’une mauvaise maturation et d’autres goulots d’étranglement qui ont ralenti leur exécution. »
une capture de la photo sur le site de la télévision nationale une capture de l’image sur la page facebook de la télévision nationale
Sur twitter, un internaute va jusqu’à expliquer que « Elle ressemble à une belle route moderne qui mettra Yaoundé à 2 heures de Douala…» Répondant ainsi à la question « à quoi ressemble l’autoroute Douala-Yaoundé ? » qu’il s’est lui-même posé au préalable.
La cellule de communication du maitre d’ouvrage dément
Si la réponse à sa question est vraie, la photo utilisée pour illustrer son propos et représenter l’autoroute Douala-Yaoundé est fausse.
Approchée, la cellule de communication du ministère des travaux publics indique que cette image n’a rien à voir avec le projet de l’autoroute Douala-Yaoundé 196 km dont la première phase longue de 60 km, débuté 13 octobre 2014 est en cours de finition.
« La phase 1 encore en Travaux du moins sur les 20 km restant, le Profil en travers ne ressemble pas à l’illustration utilisée par le média l’ayant utilisé. Car la première phase présente un profil de 2×2 voies extensibles à 3 voies vers l’intérieur en fonction de l’augmentation du trafic. La troisième voie attendant l’extension n’est pas revêtue en bitume tel que présenté par l’illustration utilisée. », Précise la cellule de communication.
En effet, la première phase longue de 60km que nous avons pu visiter le 18 août 2020 est un 2X2 voies extensible à 2X3 voies sur une largeur de 33,50 mètres. De chaque côté, qu’on vienne de Douala ou de Yaoundé, la chaussée de 7,50m de largeur chacune a 2 voies et une bande d’arrêt d’urgence de 3m. Le terre-plein central de 10,5m en forme de V n’est pas bitumé. C’est l’espace où passera la 3ième voie de l’autoroute. Elle est droite, pas de montée, pas de descente ni aucune pente.
Talus de haut remblai au PK7 de l’autoroute Douala-Yaoundé vue de l’échangeur de LOBO au PK21 sur l’autoroute Douala-Yaoundé
La photo d’une autoroute en construction en Afrique du Sud en 2013
Une recherche d’image inversée avec Google Images révèle que cette même photo a déjà été utilisée par le passé. Le 17 août 2017, le site Afrique la tribune illustrait un article avec la même photo. Le crédit photo est accordé à l’agence de presse anglaise Reuters sans donner le nom de l’auteur ni plus.
Plusieurs sites de divers pays reprennent également la même photo comme illustration des infrastructures dans leur pays. C’est le cas de la Zambie, le Nigéria.
Une recherche de la même image avec l’outil Yandex fait apparaître plusieurs articles avec cette photo, dont une publication sur le site de Reuters titrée : les grands projets de construction de l’Afrique du Sud bloquent.
une photo de Rogan Ward de Reuters
L’article publié le mardi 12 février 2013 à 09h27 GMT est signé Agnieszka Flak et Xola Potelwa et monté par Ed Cropley et Anna Willard. Il fait référence aux problèmes auxquels l’Afrique du Sud est confrontée pour tenter de déployer un plan d’infrastructure de plusieurs milliards de dollars.
Le papier est illustré par l’image de cette autoroute que nous recherchons et porte la légende « la construction se poursuit sur une nouvelle route en cours de construction, qui rejoindra la zone industrielle de Pinetown au nord de Durban et l’aéroport de la ville, le 11 février 2013. Reuters/Rogan Ward.
Quand on entre les mots clés « photo autoroute Afrique du Sud Reuters/ Rogan Ward », on tombe sur plusieurs articles parmi lesquels, un qui indique que Rogan Ward est photographe pour l’agence de presse.
Un autre lien de la recherche conduit à Alamy, une banque de photo de plus de 420 agences d’image et de plus de 1000 photographes. Dans la catégorie Pinetown Afrique du Sud, on retrouve la même photo. Les détails, à savoir : le contributeur, l’ID de l’image, la dimension, la date de prise de vue, le photographe et bien d’autres choses qu’il faut savoir sur une photo s’y trouvent.
Cette photo n’a donc aucun lien avec l’autoroute Douala-Yaoundé encore moins le Cameroun.
Armelle Sitchoma
Non, le Cameroun n’a pas présenté la moitié des effectifs des candidats africains en Médecine au Cames 2020
Dans l’émission «Canal Presse» sur la télévision Canal 2 international, le politologue Aboya Manasse a déclaré que le Cameroun représentait à lui seul la moitié des candidats de toute l’Afrique à ce 20e concours d’agrégation.
Nous avons vérifié pour vous. La réponse est : NON
Dans l’émission Canal Presse du 08 novembre 2020, le Prof Aboya Manasse, un des panélistes, a été interrogé sur le regard qu’il portait en tant que politologue sur le renouveau, 38 ans après. L’enseignant d’université a indiqué d’entrée de jeu qu’ «On parle d’un projet de société qui correspond à l’accession du président Paul Biya au pouvoir le 06 novembre 1982 ».
Dans son argumentaire, il a relevé plus loin que le Cameroun est une grande puissance en matière d’enseignement supérieur. Dès la 49ème minute de l’émission consultable sur la page Youtube de Canal 2 international (plus de 37 000 vues en date du 17 novembre 2020), le politologue a ainsi déclaré que :
«Le concours d’agrégation qui est en train de se passer en Médecine au Congo Brazzaville, le Cameroun à lui seul a la moitié des candidats de toute l’Afrique. C’est un exploit ».
Cette déclaration qui n’est pas exacte a tout de suite provoqué l’indignation de certains internautes. Dans un tweet le 14 novembre, un médecin a posté le segment de la vidéo de l’émission en question en s’interrogeant : « Mais qu’est-ce que c’est faux ! Qui est ce menteur ? ». Ce segment de vidéo qui reprend la déclaration du politologue camerounais a enregistré plus de 1000 vues en trois jours. Dans les commentaires, les uns et les autres ont exprimé leur surprise à l’écoute de ces statistiques.
18 camerounais sur 287 candidats de 13 pays africains
Un tour sur le site officiel du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames), en page d’accueil, dans la rubrique Actualité, un article retient vite l’attention. Il est intitulé : Agrégation de médecine. Fin du 20e Concours d’Agrégation de médecine : un taux de réussite de 81,53% et des succès mémorables en termes de leçons apprises.
L’article posté le 16 novembre 2020 souligne que le 20ème concours d’agrégation de médecine s’est achevé le 11 novembre. Qu’en termes de résultats, sur les 287 candidats présentés 234 ont été déclarés dignes de recevoir le grade de Maître de conférences agrégé du Cames dans leurs spécialités respectives.
Dans le fichier Pdf du palmarès du concours d’agrégation en médecine téléchargeable au bas de l’article, les statistiques relèvent bien que 287 candidats de treize pays africains ont été présentés dans les sept options de Médecine du concours. Sur les 287 candidats, le Cameroun n’a présenté que 18. Un chiffre bien loin de la moitié de l’effectif total.
Le Cameroun se présente d’ailleurs loin derrière des pays comme le Sénégal qui a présenté 85 candidats, le Burkina Faso 52 candidats, la Côte d’Ivoire 44 ou encore le Congo, 19 candidats. Sur les 18 Camerounais présentés au concours en provenance des université de Yaoundé 1 et de Douala, 13 ont été déclarés Admis.
Mathias Mouendé Ngamo
Non, il n’y a pas eu 19 morts lors de la tuerie de Kumba
Dans un tweet, une internaute ayant pris part à une marche organisée à Kumba à l’occasion du deuil national le 31 octobre 2020 indique qu’il y a 19 enfants morts et non plus 7.
Nous avons vérifié pour vous. La réponse est : NON
Dans le tweet posté à 17h11 samedi 31 octobre 2020, l’internaute indique que : « Nous avons beaucoup marché et sommes arrivés au Kumba District Hospital et c’est là que nous apprenons que ce n’est plus juste 7 enfants mais 19 enfants qui sont morts lors du #Kumbamassacre L’ambulance était là car des femmes s’évanouissaient de douleur. #EndAnglophoneCrisis ».
En 24h, ce tweet a enregistré plus de 400 interactions, dont 280 Retweets et 151 Likes. Cette publication fait partie d’un ensemble d’autres tweets postés sous la forme de thread avec des images et des vidéos. L’internaute qui totalise 6000 abonnés ne cite pas la source qui a communiqué ce nouveau chiffre.
Dans un autre tweet, elle précise qu’elle s’est rendue en tant que citoyenne à Kumba avec d’autres sœurs.
Kathe Djiaha est citée parmi les femmes faisant partie de cette délégation. La journaliste en service à Équinoxe Télévision (une télévision privée basée à Douala) que nous avons contactée fait savoir que ce chiffre de 19 a été avancé par une dame qui a fait un discours devant la morgue de l’hôpital de district de Kumba.
Une vidéo en circulation
Dans la vidéo de 38 secondes que la journaliste nous fait parvenir, on peut effectivement voir une dame devant une foule en noir. Elle cite des noms. A l’appel de chaque nom, la foule fait des décomptes. Pour cette séquence de la vidéo reçue, la lecture de la liste s’ouvre sur le 7ème nom et se referme sur le 19ème nom lu.
« N’est-ce pas on nous avait dit que c’était 7 ? » ,
s’exclame en pidgin, un anglais argotique, une voix d’homme dans la vidéo.
Mais en prêtant une oreille attentive à la lecture, Stopintox a pu déceler des noms faisant partie de la liste des sept d’élèves tués lors du massacre du 24 octobre (Zakame Rema, Jenifer, Che.. ). Au milieu de tous ces bruits de la foule, Stopintox a également pu écouter de manière un peu audible les noms de quatre élèves figurant dans la liste des blessés après cette attaque. Il s’agit de Mbong Blessing, Akidam Francis, Tifu Lydia Favour et Efouet Therese. Une liste des victimes disponible depuis le jour de l’attaque armée attribuée aux séparatistes.
Plusieurs personnes toujours en détresse
« C’était les noms de toutes les 19 victimes. Parmi les 19, il y avait sept établis morts confirmés et douze qui étaient blessés. L’intention, c’est pour que les gens sachent qu’il y a plusieurs qui sont toujours en détresse. Certains sont toujours gravement malades. On priait pour eux, afin qu’ils s’en sortent de la situation. Il y en a qui sont gravement en détresse parmi les 12 blessés. D’autres ont des problèmes psychologiques. Tout était bien indiqué dans le papier que lisait Esther Omam, une militante de la société civile», indique Atim Taneform, une humanitaire qui a également lu un discours ce jour-là.
Après une petite prière et quelques mots, Esther Omam a alors déroulé la liste des 19 victimes (morts et blessés). Elle a été talonnée sur l’estrade par Atim Taneform qui a été choisie ici pour délivrer le message des femmes porté par l’Ong ‘’She Build Peace’’.
«Dans le papier de Esther Omam, il y avait tout. Le type de blessure ; l’âge des enfants. C’était clairement indiqué qu’il s’agissait des noms des morts et des blessés. Il y avait tellement de bruits et d’émotions. Les gens criaient. Le préfet venait d’arriver sur les lieux»,
note Atim Taneform. Elle précise qu’elle a pris part à cette manifestation en tant qu’individu et pas au nom de son organisation.
Dans un autre tweet, l’auteure de la publication qui prête à confusion poste une photo d’elle avec Franck Foute. Elle indique avoir rencontré ce journaliste de Jeune Afrique sur le terrain à Kumba. « nous avons pu marcher côte à côte avec la douleur… C’était dur ! », écrit -t-elle.
« Il n’y a pas 19 corps à la morgue »
Franck Foute que nous avons eu au téléphone le lendemain de la célébration du deuil national est formel. « Je peux confirmer qu’il y a sept corps à la morgue de Kumba. Pas plus. Certains blessés sont sortis. J’ai échangé avec des sources médicales et des journalistes qui étaient là lorsqu’on admettait les corps à la morgue. Il n’ y a pas dix neuf corps à la morgue», soutient le journaliste de Jeune Afrique.
En rappel, l’attaque du collège Mother Francisca International Bilingual Academy sis au quartier Fiango à Kumba, dans la région du Sud-ouest, a fait six morts sur le champs, soit cinq filles et un garçon. Une autre élève a rendu l’âme à l’hôpital. Des victimes âgées entre 9 et 12 ans. Les cadavres ont été déposés à la morgue de l’hôpital de district de Kumba. Les blessés ont été conduits à l’hôpital Mayemene Annexe de Kumba, à Buea et à Mutengene.
Mathias Mouendé Ngamo