Désinformation : les journalistes initiés de la vérification des faits

À l’heure où les deepfakes, les bots et l’intelligence artificielle influencent l’opinion sur les réseaux sociaux, la journaliste et factchecker Annie Payep-Nlepe a animé à Yaoundé un atelier de formation aux techniques numériques de vérification, organisé par Médecins Sans Frontières.

Le 9 mai dernier, la journaliste-factchecker Annie Payep-Nlepe, fondatrice du site Stopintox.cm, a animé un atelier de formation à Yaoundé sur les techniques de vérification de l’information et les bonnes pratiques journalistiques. L’initiative est de Médecins Sans Frontières (MSF) Cameroun. Face à un public composé de journalistes et de professionnels de la communication, la formatrice a rappelé les enjeux de la désinformation et partagé des méthodes concrètes pour y faire face.

La formatrice du jour

Dès l’introduction, la journaliste a insisté sur l’importance de la vérification dans le contexte actuel, où plus de 42 millions de messages sont échangés chaque minute sur WhatsApp, 500 heures de vidéos sont publiées sur YouTube et 500 000 commentaires apparaissent sous des publications Facebook. « Les fake news peuvent créer instabilité et division ; elles peuvent menacer la démocratie et semer la confusion », avertit-elle. Elle souligne également que la montée de l’intelligence artificielle constitue à la fois une opportunité et un danger, notamment par la prolifération des deepfakes.

Comprendre les rouages de la désinformation

La journaliste-factchecker a défini la désinformation comme « un ensemble de pratiques et techniques de communication visant à influencer l’opinion publique en diffusant volontairement des informations fausses, faussées ou biaisées ». Pour cela, elle a détaillé plusieurs techniques de manipulation fréquemment utilisées, à savoir la fabrication de contenu (faux documents, fausses citations, vidéos truquées, etc.), la manipulation de contenu existant (images ou textes sortis de leur contexte, etc.) et l’exploitation des biais cognitifs, comme le biais de confirmation ou les biais émotionnels.

Module de formation

Par ailleurs, Annie Payep-Nlepe a également alerté sur le rôle des algorithmes, notamment sur les réseaux sociaux, qui renforcent la désinformation en créant des bulles informationnelles. « Ces algorithmes vous placent dans une sorte de bulle d’informations qui confirme votre vision des choses, ce qui vous empêche de faire preuve d’esprit critique », explique la journaliste. Elle a aussi expliqué comment les faux comptes, ou « bots », amplifient artificiellement certains discours. « Des hashtags partagés par des bots peuvent faire croire à une opinion largement partagée, alors qu’elle est en réalité marginale », argue-t-elle.

Des outils de vérification des fake news

Face à ces dangers, la formatrice a présenté une série d’outils de vérification numériques. Parmi eux, TinEye et Google Reverse Image, qui permettent de retrouver l’origine d’une image. De son côté, l’application InVID WeVerify aide à analyser les métadonnées des vidéos pour détecter d’éventuels montages. Whispeak détecte les deepfakes vocaux, tandis que Deepware, Sensity AI ou Reality Defender sont capables d’analyser les contenus visuels générés par intelligence artificielle. Elle a également mentionné des plateformes spécialisées telles que Faky (RTBF), La Libre, AFP Factuel et Stopintox, qui effectuent des vérifications régulières depuis 2019.

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Concernant les bonnes pratiques journalistiques, elle a rappelé quelques fondamentaux. « Croiser les sources, contacter directement les acteurs concernés, ne pas se faire piéger par des sites satiriques, ne pas relayer une information sans en avoir vérifié la véracité », précise la formatrice. Elle a aussi invité les participants à adopter une posture rigoureuse et éthique, en se fondant sur la méthode TORF, propre à l’équipe de Stopintox. Cette méthode est basée sur la transparence, l’objectivité, la réplicabilité et la fiabilité.

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