Monthly Archives: mars 2024
NON, au Cameroun pour faire le passeport d’un enfant mineur, une mère n’a pas besoin de l’accord du père
Une publication devenue virale sur le réseau social X anciennement Twitter a laissé croire le contraire.
Stopintox a vérifié pour vous. La réponse est : NON
Contexte
Le tweet qui relaie cette nouvelle est un quote à un post du compte média TFT Morocco. Le contenu de la publication du média marocain indique que « les citoyens marocains peuvent désormais obtenir et renouveler le passeport biométrique de leurs enfants mineurs, sans l’autorisation préalable du père. » Comme pour démontrer qu’au Cameroun cette liberté est loin d’être acquise, une journaliste camerounaise a cité le tweet ci-dessus pour exprimer son indignation. Ledit post, en plus de questionner la responsabilité des pères, interpelle les féministes. « Ce dernier peut refuser de signer, pourtant il ne sait pas comment mange l’enfant. Voici les sujets qui intéressent les vraies féministes », écrit cette dernière sur X, archivé ici.
Cette publication faite le 18 mars 2024 a été accueillie de manière controversée. Si plusieurs internautes soutiennent cette allégation, d’autres par contre, partant de leur vécu l’infirment. En 8 jours, le post a été vu par 286.300 personnes. La publication enregistre 167 reposts, 184 citations, 527 j’aime et 47 signets avec 71 commentaires au 22 mars 2024 à 20h30.
Vérification
Nous avons cherché à vérifier si les mamans avaient besoin de l’autorisation signée du père de l’enfant pour établir le passeport de leur progéniture.
Première recherche, le portail internet de la Délégation Générale de la Sûreté Nationale du Cameroun. Le site www.dgsn.cm s’affiche facilement et est aéré. Après avoir cliqué sur l’onglet « Demander un passeport », l’interface passcam.cm se présente à vous. A ce niveau, il faut aller au bas de la page et choisir l’option ‘’passeport’’ et directement les informations générales sur les passeports, les centres d’enrôlements et la foire aux questions (FAQ) s’affichent. Un clic fait sur l’option « passeport », une fenêtre cette fois contenant les types de passeports et les pièces justificatives à fournir par type de demande se présentent à vous.
Chez les demandeurs mineurs de moins de 15 ans, en plus des pièces comme le récépissé imprimé durant la phase de pré-enrôlement, il est demandé de fournir la photocopie certifiée conforme de l’acte de naissance, le justificatif de la profession de l’enfant, s’il y a lieu, on peut lire l’autorisation parentale de l’un des parents, ou du tuteur légal ou détenteur d’une procuration dûment légalisée. Aussi, la photocopie certifiée conforme de la Carte National d’Identité (CNI) de l’un des parents, du tuteur légal ou du détenteur d’une procuration pouvant agir en lieu et place des parents. Les pièces à fournir sont les mêmes quand il s’agit également d’un demandeur mineur âgé 15 à 21 ans.
Rendu au Bureau Régional EMI-Immigration du Littoral, où est logé le Centre d‘enrôlement des passeports de Douala (nouveau site face GMI n°2), nous avons constaté que l’autorisation est demandée au parent qui accompagne l’enfant mineur. La commissaire de police qui nous reçoit réitère ce que dit la procédure citée plus haut. Selon elle, il faut l’autorisation de l’un des deux parents. Elle peut provenir soit du géniteur, soit de la génitrice et c’est la personne qui signe l’autorisation qui accompagne l’enfant au rendez-vous pour la production.
Verdict
Après vérification, nous pouvons dire qu’une mère n’a pas besoin de l’accord du père de l’enfant pour établir le passeport de sa progéniture. La mère aussi bien que le père d’un enfant mineur peut établir son passeport sans l’autorisation de l’autre.
Yaoundé va abriter une conférence sur la désinformation en contexte électoral
La capitale camerounaise accueille les 27 et 28 mars 2024 la deuxième conférence de l’Africa Fact Checking Fellowship au Cameroun (AFFCameroon).
Organisée par Defyhatenow, une organisation africaine de lutte contre la propagation des fake news sur internet, il sera question d’aborder la question de la désinformation la période électorale de 2025. Le thème de cette année est : Lutte contre les menaces numériques pesant sur les élections au Cameroun : stratégies de lutte contre la désinformation en période électorale en 2025. Ces assises de Yaoundé visent donc à développer des stratégies de lutte contre la désinformation avant, pendant et après la période électorale.
Objectif de la conférence
Le choix de ce thème n’est pas anodin. En effet, le Cameroun va organiser en 2025, les élections locales (municipales et législatives) et l’élection présidentielle. La période électorale étant un moment propice d’inflation de discours de haine et de désinformation, les organisateurs souhaitent plancher dessus au cours de cette conférence pour planifier des stratégies afin de garantir la tenue de ces élections de 2025 pour une information saine du public.
LIRE AUSSI: Front Commun pour la lutte contre la désinformation et la propagation des discours de haine
Les boursiers de toutes les 09 cohortes, ainsi que les experts se réunissent donc dans le but de trouver des stratégies de lutte contre la désinformation et les Discours Haineux en période électorale au Cameroun. « Il s’agit ici de réunir un maximum d’acteurs et surtout des fact-checkers que nous avons formés à travers notre programme de formation, la Fact-Checking Fellowship. L’idée, c’est de mettre leur expertise, leur connaissance à contribution pour qu’à partir de 2024, mi-2024, jusqu’en 2027, toutes les informations qui pourront s’utiliser sur la toile passent au peigne de fin de la vérification et qu’elles ne soient pas susceptibles de créer des tensions ou éventuellement des violences durant la période électorale », déclare Donald TCHIENGUE.
Participation de Stopintox
Comme à la première édition, le site de vérification des faits Stopintox va prendre part aux travaux. Le mercredi 27 mars 2024, Annie PAYEP-NLEPE, promotrice de Stopintox sera panéliste à la session plénière qui porte sur la thématique : « Soutenir le développement de plates-formes /médias nationale de suivi et d’information : Stratégies et implications ».
En rappel la première conférence avait eu lieu en novembre 2022.
Oui, cette image montre l’axe Ngaoundéré-Garoua dans le Nord Cameroun
Une publication devenue virale sur les réseaux sociaux présente une route bitumée en état de dégradation comme étant l’axe Ngaounderé-Garoua, dans la région du Nord.
Stopintox a vérifié pour vous. La réponse est : OUI
Le 17 mars 2024, Cissé Bamanga publie une image qui montre une route bitumée dégradée. Sur cette route, l’on aperçoit au loin un véhicule de couleur blanche. Le post est accompagné du message ci-après : « Au Cameroun, voilà la Route Nationale N°1. Tronçon Ngaounderé-Garoua ». L’auteur de la publication indique que l’image a été prise en février 2024.
À la date d’aujourd’hui, la publication compte 5050 réactions, 2000 commentaires et 403 partages.
Vérification
Nous avons contacté via Messenger Cissé Bamanga pour avoir certains détails. Il n’a pas réagi à notre sollicitation. En cas de réaction de l’auteur de la publication, nous allons procéder à la mise à jour.
Nous avons ensuite contacté via appel téléphonique et message WhatsApp, monsieur Christian Ango, Inspecteur régional de la protection et de la surveillance du réseau routier à la délégation régionale des travaux publics du Nord qui nous a confirmé que c’est l’axe Ngaounderé-Garoua. Il ne s’est pas arrêté à l’exactitude de l’image. Il a aussi indiqué que ce trajet connait en ce moment des travaux confortatifs et que la réhabilitation est programmée. « C’est bien le tronçon Garoua-Ngaounderé. Il faut signaler que les travaux confortatifs sont en cours en attendant la réhabilitation programmée », écrit-il sur WhatsApp.
La route Ngaoundéré-Garoua est inscrite dans le cadre des dépenses à moyen terme 2023-2025 par le ministère des Travaux publics. Par ailleurs, le Fonds Saoudien pour le Développement confirme son intérêt pour la reconstruction d’une section de la route Ngaoundéré-Garoua, avec un financement partiel à apporter comme l’indique l’appel d’offre restreint publié par le ministère des travaux publics. Les travaux devraient être attribués à l’entreprise portugaise de BTP Mota Engil, comme l’indique une correspondance du Secrétaire général de la présidence de la République, adressée le 31 octobre 2023 au ministre des Travaux publics. « D’ordre de Monsieur le Président de la République, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir : attribuer à l’entreprise Mota Engil, conformément à la règlementation en vigueur, l’exécution des travaux de la route Ngaoundéré-Garoua, longue de 242 kilomètres, au montant de 282,7 milliards de FCFA TTC ; contractualiser une mission de contrôle, en procédure d’urgence », écrit Ferdinand NGOH NGOH à Emmanuel NGANOU DJOUMESSI.
Outils de vérification
Dans le but d’en savoir plus sur cette image, nous avons mis à contribution des outils de vérification. La recherche avec Yandex, Bing et TinEye, ne donnent pas des résultats exploitables.
Avec l’outil Google Lens, nous avons retrouvé des liens Facebook de publication avec l’image qui fait l’objet de vérification. En exploitant ces publications, nous avons constaté que la première fois que cette image a été publié sur les réseaux sociaux date du 13 juillet 2019, par la page Sahel Plus. La même image est utilisée par Issa Marwan dans une publication qui date du 21 janvier 2022. Ce qui contraste avec la précision faite par Cissé Bamanga dans sa publication que la photo date de février 2024.
Verdict
En conclusion, cette image montre bien l’axe Garoua-Ngaoundéré dans le Nord Cameroun mais elle ne date pas de février 2024, comme l’a indiqué Cissé Bamanga dans sa publication du 16 mars 2024. Elle date d’au moins Juillet 2019.
Stopintox présent aux académies du Factcheking
Nos vérificateurs Mathias MOUENDE et Chancelin WABO sont formés sur les techniques avancées de vérification des faits et de lutte contre les stéréotypes de genre dans les médias.
Après l’appel à candidature en début février 2024 et la publication des résultats en début mars, les boursiers venus de différentes régions du Cameroun et différents supports médiatiques ont suivi la semaine dernière la première phase de cette formation. Du 18 au 20 mars 2024, l’Institut Français du Cameroun (IFC), antenne de Yaoundé, a donc abrité la première session de la cohorte 1 des académies du Factcheking. Elles s’étendent sur une durée de 8 mois et va permettre à la cohorte 1 de se frotter aux techniques avancées en matière de vérification des faits et des outils les plus performants et actuels tels que Osint, et l’IA.
Rafraichissement sur les fondamentaux du Factcheking
La première journée s’est basée principalement sur les fondamentaux du fact-checking qui ont porté sur la détection des sujets, des étapes de la vérification et quelques outils de vérification. Après un partage d’expérience dans la pratique du factcheking, avec l’accompagnement de Marthe NDIANG Journaliste factchecker, les apprenants ont procédé à la détection des sujets (Choix du sujet, Angler son sujet, Définir ses préalables de traitement (sources, la documentation, benchmarking).
À la rencontre du Data Journalisme
À la deuxième journée de formation de cette 1ère session, il est question d’imprégner les boursiers sur les fondamentaux data journalisme, de montrer aux boursiers comment l’appliquer au fact- checking et enfin d’évaluer les sujets détectés notamment les fact-checks, Meta -checks et data-checks. Nous retenons qu’on ne peut pas parler de Data journalisme sans open source. Nous avons aussi appris les outils de visualisation du data journalisme et les bonnes pratiques en la matière. De manière pratique, nous avons appris l’outil de visualisation Flourish par l’entremise de Marie-Louise MAMGUE Data Journaliste/Journaliste d’investigation. Toujours au courant de la journée, nous avons été édifiés sur le datajournalisme appliqué au fact-checking ou data-checks.
Rigueur et organisation du travail
Au cours de la formation, les participants se sont concentrés sur la présentation des stéréotypes de genre et des violences basées sur le genre dans les médias dont les médias en sont, parfois par ignorance, de grands pourvoyeurs. « Il faut toujours avoir les lunettes genres dans nos approches », propose Ritha NGA, la formatrice.
La deuxième session de cette formation va se tenir en juin 2024 à Douala. Ensuite il y’aura un Bootcamp. 10 productions avancées sortiront à l’issue de cette académie du Factcheking.
NON, le MINCOM n’a pas mis en garde les camerounais contre l’utilisation de la formule « il y avait quoi avant »
Dans sa petite Une, le journal Flèche d’Afrique du 15 mars 2024 informe que René Emmanuel SADI a mis en garde les camerounais contre l’utilisation de la formule, « il y avait quoi avant » qui circule sur la toile depuis quelques jours.
Stopintox a vérifié pour vous. La réponse est : NON
Le vendredi 15 mars 2024, Flèche d’Afrique, un « hebdomadaire international d’information, d’enquêtes, d’analyses à capitaux privés au Cameroun » écrit à sa petite Une : « gouvernance : la mise en garde du Mincom René Emmanuel Sadi ». « Le ministre de la communication met les camerounais en garde contre l’utilisation de la formule il y avait quoi avant. L’utilisation de cette formule sera considérée comme l’hostilité à la patrie et insultes à corps constitué doublé de propagation de fausses nouvelles ». L’article est indiqué à la page 02 du tabloïde.
Contexte
« Il y avait quoi avant ? ». Cette phrase question a été prononcée par Célestine KETCHA COURTES, ministre de l’habitat et du développement urbain (MINHDU) en réaction aux élus e acteurs de la société civile de l’Extrême-Nord qui dénonçaient entre autres l’étroitesse et la mauvaise exécution de l’infrastructure routière en chanter dans la région. La déclaration qui paraissait anodine est pourtant devenue virale sur les réseaux sociaux au Cameroun. L’artiste Richard Bona a écrit une chanson dessus. Un challenge est même né à propos. C’est dans ce contexte que cette fausse information arrive. Elle a circulé en boucle sur les réseaux sociaux et dans les groupes WhatsApp.
Vérification
Nous avons contacté à travers WhatsApp, la directrice de communication du ministère de la communication pour savoir si c’est vrai que l’information qui bat la petite une de Flèche d’Afrique est vraie. Elle dément l’information. « Non, c’est un fake news », répond NANA PIPA.
Dans la foulée, monsieur Denis OMGBA BOMBA, le directeur de l’observatoire des médias et de l’opinion publique du ministère de la communication a réagi pour démentir l’information. Nous l’avons contacté via messagerie WhatsApp et il a confirmé que le texte de démenti est de lui. « Oui, il est de moi », répond le Directeur OMOP/MINCOM.
Verdict
Au terme de notre vérification, nous pouvons dire que c’est une fake news puisqu’en plus des démentis, les vérifications effectuées n’ont pas pu ressortir un événement ou une cérémonie où le ministre a pu tenir de tels propos.