OUI, l’OMS a ordonné la suspension temporaire des essais cliniques sur la chloroquine
Un message circulant sur la messagerie WathsApp lundi 25 mai 2020 et attribué à un médecin camerounais faisait savoir que L’OMS suspend les « essais cliniques » sur la Chloroquine. Stopintox a été sollicité pour savoir si le médecin était à l’origine du message et si l’information était fondée.
Nous avons vérifié pour vous. La réponse est OUI .
Le message signé Dr Etoa qui circule informe de ce que « L’OMS suspend les « essais cliniques » sur la Chloroquine après la publication d’une étude qui met en garde contre la possible nocivité de ce traitement sur les patients atteints du coronavirus. Retour à la case départ. ». Contacté par Stopintox, le Dr Roger Etoa confirme que le message est bien de lui.
L’Organisation mondiale de la santé a en effet annoncé qu’elle suspendait temporairement les essais cliniques sur la Chloroquine qu’elle mène avec ses partenaires dans plusieurs pays, par mesure de précaution. Ces essais cliniques lancés il y a plus de deux mois, étaient baptisés « Solidarité » et portaient notamment sur l’Hydroxychloroquine, dans le but de trouver un traitement efficace contre la Covid-19. Ces essais seront suspendus le temps que « les données » recueillies par les essais Solidarité soient examinées. Cette annonce a été faite le 25 mai lors d’un point d’information sur le coronavirus..
A en croire Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, cette décision fait suite à la publication d’une récente étude jugeant inefficace, voire néfaste le recours à la Chloroquine ou à ses dérivés comme l’Hydroxychloroquine contre la Covid-19. Selon cette étude parue vendredi dans la revue médicale The Lancet , la plus large réalisée à ce jour sur ces molécules, la Chloroquine et l’Hydroxychloroquine ne sont pas efficaces contre le coronavirus. Pire, elles augmentent le risque de décès et d’arythmie cardiaque.
671 Hôpitaux concernés sur les 7 continents
Les quatre chercheurs britanniques à l’origine de l’étude, ont examiné 96 032 dossiers médicaux émanant de 671 hôpitaux sur les six continents, avant de conclure que cette molécule ne permettait pas de soigner les malades du Covid-19. L’étude révèle que chez les patients ayant reçu des soins standards, le taux de mortalité est de 9,3%. Un chiffre qui grimpe à 16,4% pour les patients traités à base de chloroquine et à 23,8% pour ceux ayant reçu un traitement à base d’hydroxychloroquine et d’antibiotiques.
« Une étude foireuse faite avec le big data »
« Cette étude est très bonne parce qu’elle est absolument gigantesque (…). Ça amène une pierre angulaire au problème mais ça ne répond pas de manière extrapolable à l’ensemble de la population. Tant qu’une étude prospective randomisée ne sera pas faite, on n’aura pas vraiment la réponse »,
regrette Milou-Daniel Drici, le responsable du Centre régional de pharmacovigilance de Nice en France, interrogé samedi 23 mai par franceinfo.
Lundi 25 mai, le principal défenseur de la chloroquine, le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée-Infection, à Marseille, s’est exprimé sur YouTube pour défendre son protocole. Dénonçant « une étude foireuse faite à base de big data ». Le professeur Didier Raoult persiste et signe :
« Je ne sais pas si ailleurs l’Hydroxychloroquine tue, mais ici elle sauve des vies. (…) Ne croyez pas que je vais changer d’avis parce que des gens font du big data, fantaisie complètement délirante qui prend des données dont on ne connaît pas la qualité et qui mélange tout. La réalité est tordue [dans cette étude] d’une telle manière que ce qui est rapporté n’a plus rien à voir avec la réalité observable »,
poursuit l’infectiologue et professeur de microbiologie.
L’Hydroxychloroquine, dérivée de la Chloroquine est prescrite depuis plusieurs décennies contre le paludisme. La molécule connaît une notoriété inédite depuis que le professeur Didier Raoult a relayé une étude chinoise, affirmant que le phosphate de chloroquine montrait selon lui des signes d’efficacité chez des personnes atteintes de la Covid-19.
Si en France l’Agence du médicament « souhaite suspendre » les essais cliniques avec l’Hydroxychloroquine, au Brésil par contre, le président Jair Bolsonaro est convaincu de son efficacité, à tel point que le ministère de la Santé a recommandé son usage pour tous les patients légèrement atteints.
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