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Non, ces images n’ont pas été prises dans la ville de Kribi
Trois photos en circulation sur Facebook laissent croire qu’une nouvelle espèce d’animal aquatique a été découverte à Kribi au Cameroun par des pécheurs.
Stopintox a vérifié pour vous, la réponse est : NON
Le jeudi 1er août 2024, l’internaute Rim Kendri a publié dans le groupe Kerel Kongossa officiel, trois images de créature aquatique. Le premier cliché montre une grande créature de couleur pâle avec de multiples membres, reposant sur le ventre à l’intérieur d’une barque. Le dessus de la bête est visible, et elle a un corps large avec de nombreux tentacules. Une personne portant un t-shirt sombre est visible en arrière-plan. Le deuxième cliché montre un axolotl au corps pâle et allongé. Il a quatre membres dotés de branchies externes et une tête plate et large avec de petits yeux. Le troisième cliché est la même créature aquatique du premier cliché. Elle a une peau pâle et tachetée, et ses yeux sont dirigés vers l’avant. Elle est tenue dans une embarcation avec plusieurs personnes en arrière-plan. Le commentaire qui accompagne ladite publication indique qu’il a été capturé lors d’une sortie de pêche. Le message est le suivant : « KRIBI. Les pêcheurs de Kribi ont attrapé des animaux qui n’avaient jamais été vus auparavant. Il s’agit d’un gigantesque Axolotl ». Ce qui sous-entend que l’animal aquatique a été capturé dans la ville balnéaire du Cameroun. Ces mêmes images ont été partagées par d’autres membres dans le même groupe Kerel Kongossa officiel.
Vérification
Pour connaitre l’origine des photographies, nous avons convoqué des outils de vérification. Avec les outils comme Dogpile, Tineye, Yandex, BingImage, nous n’avons pas eu de résultats. Avec Google Lens, nous obtenons des résultats qui montrent des images similaires. Le clic sur le premier résultat nous dirige sur la page communauté Facebook EndTimes News (informations sous le prisme des actualités des temps de la fin du monde), qui a publié l’une des images le 24 juillet 2024 sans commentaire. La même image est publiée par la page Facebook Sesh Heads le 29 juillet 2024. Sur la publication de Sesh Heads, l’on peut voir tout de même l’image de l’homme derrière la créature aquatique. Une publication sur threads parle de Salamandre géante sans apporter les éléments d’information sur les origines de l’image.
La page Facebook EndTimes News a publié les trois images qui font l’objet de vérification avec le texte suivant : « Something Strange Animal You Never Seen Before On Our Earth. End Of The World Signs July 30,2024? » Notre traduction avec deep translator donne ceci : « Quelque chose d’étrange, un animal que vous n’avez jamais vu auparavant sur notre Terre. Signes de la fin du monde le 30 juillet 2024 ? ». L’on constate que le texte n’apporte pas des précisions sur l’origine de l’image. L’une des images est publiée sur youtube par Jermaine Church qui s’interroge sur cette photo devenue virale. Le compte Youtube Life Is All About What? En français, La vie, c’est tout au sujet de quoi ? a publié aussi l’image avec l’interrogation suivante : « Ano kaya to? ». Traduction : «Qu’est-ce que ça pourrait être ? ». La page Facebook Bicol News a publié aussi le 24 juillet 2024, les images en question avec le message suivant : « God Created 😱😱😱 Anu kaya ito Guys naka Smile pa ». Ce qui veut dire en français, « Dieu a créé 😱😱😱 Qu’est-ce que ça pourrait être, les gars ? En plus, il sourit ! ».
Après les vérifications à travers les outils de vérification d’images, nous avons contacté par appel téléphonique le mardi 06 août 2024, le délégué départemental de l’Océan du ministère des pêches et des industries animales (Minepia), le Dr CIEWE. « J’ai suivi ça sur Facebook. Ce sont les histoires de Facebook. Je ne peux pas confirmer cela, sinon mes gars qui sont dans les pêcheries m’auraient dit. En plus, aucun de mes collaborateurs ne m’a signalé ça », déclare le délégué du Minepia dans le département de l’océan.
Nous avons aussi contacté par messagerie Whatsapp, monsieur Meintz, propriétaire de pirogue de pêche au centre communautaire de pêche artisanale de kribi en abrégé cecopak, pour savoir si les images faisant l’objet de vérification viennent de Kribi. Il a répondu par la négative, « Ce n’est pas vrai ».
Des images IA
Sur X, anciennement Twitter, le compte de jeu de Butaneko, intitulé Game a partagé la publication d’un autre compte Kee qui a porté sur les images, objet de notre vérification. La traduction de son message est la suivante : « Il y a des animaux générés par l’IA qui peuvent vraiment tromper, donc il faut apprendre aux enfants à ne pas croire à ce qui n’est pas dans les encyclopédies, et s’ils ne trouvent pas l’information, à faire plus de recherches ». Il pense que ce sont des images crées par l’intelligence artificielle. L’auteur du compte Game appelle à la prudence face aux contenus générés par l’IA et à l’importance de l’éducation et de la vérification des sources pour éviter d’être trompé.
Nous pensons comme l’auteur de la dernière publication ci-dessus que nous avons examiné, qu’il s’agirait des images montées par l’intelligence artificielle (IA). En observant de plus près les images, nous pouvons voir des indices visuels qui démontrent cela. L’on peut se rendre compte que l’un des personnages derrière l’animal aquatique a les mains noires, ce qui contraste avec la couleur de sa peau. En plus, la main ne présente pas tous les doigts. En scrutant aussi l’arrière-plan de l’image, il y a lieu de remarquer aussi que les personnages arrière sont flous pourtant ils sont proches de l’objectif.
L’une des publications que nous avons consultées présente intégralement l’un des individus derrière la créature aquatique. En observant de près l’image, l’on se rend compte, que les oreilles sont difformes et la chevelure commence à partir du front. Son bras le plus visible n’a pas tous les doigts de la main.
Ces inadéquations de la silhouette humaine sont caractéristiques des images générées par une intelligence artificielle (IA), selon le guide d’Africa Check qui propose quelques conseils pour repérer des images (photos ou vidéos) générées par intelligence artificielle.
Nous avons utilisé un outil qui permet de détecter les images IA. Il s’agit de AI or not. Le résultat de la première image de la publication nous indique « Likely human », ce qui veut dire « probablement humain » ou « vraisemblablement humain ». Le deuxième résultat de la deuxième image parle de « Likely AI generated », qui peut être traduit en français par « probablement généré par une IA » ou « vraisemblablement généré par une IA ». En utilisant aussi l’outil Maybe’s AI Art Detector, le résultat nous montre que la première image est montée par l’IA. Le résultat de la troisième image souligne que c’est aussi une image faite à partir de l’intelligence artificielle.
Verdict
En revenant sur la publication de Kerel Kongossa officiel, il y a lieu de conclure que les images ne viennent pas de la ville de Kribi, chef-lieu du département de l’océan dans la région du Sud Cameroun. C’est assurément des images IA qui font croire que les animaux aquatiques viennent des eaux de l’océan à Kribi.
Non, cette image n’a pas été prise en Afrique du Sud
Cette photo devenue virale sur le réseaux social X notamment est présentée comme ayant été prise en Afrique du Sud.
Nous avons vérifié pour vous. La réponse est NON
L’effet Kanye West
Le 11 avril 2024, le compte X Hermaine M publie une image accompagnée d’un court commentaire : «We’ve got a new problem in South Africa ». Traduction, « Nous avons un nouveau problème en Afrique du Sud ». Cette image montre un couple habillé comme Kanye West et Bianca. Certains commentaires sous la publication disent que l’image vient du Nigéria et non de l’Afrique du Sud comme évoqué par Hermaine M. D’autres commentaires parlent du Cameroun. C’est un désaccord sur le lieu de la prise d’image. Le 12 avril 2024, le post comptabilise 3, 3 millions de vues, de 2000 commentaires, 2900 partages, 23000 Likes et 1 100 bookmarks pour une page suivie par 1.5 Millions de Followers.
Vérification
Dans l’optique d’en savoir plus, Stopintox fait intervenir des outils de vérification. La recherche avec TineEye, Yandex et Baidu, ne donne pas de résultats exploitables.
En effectuant la recherche avec Google Lens, un seul des multiples résultats renvoie vers des liens sur les réseaux sociaux associant la photo qui fait l’objet de vérification. Deux liens nous conduisent vers une publication de l’artiste Mani Bella qui date du 09 avril 2024. Dans sa publication, elle évoque le fait que l’influence Kanye West est déjà arrivée au Cameroun. Une autre publication sur Instagram souligne que « Le Cameroun a son couple Kanye West ». Le post date du 10 avril 2024. Toutefois, ces résultats ne permettent pas de conclure que l’image est au Cameroun.
En parcourant les commentaires de la publication qui fait l’objet de vérification, nous avons repéré un commentaire qui précise que c’est au Cameroun. Nous lui avons demandé de nous donner plus de détails. La dame à l’origine commentaire nous a répondu que c’est à « Bonapriso chez Paul ! En face la croissanterie ». Cette réponse nous a permis de faire une recherche par mots-clés (la croissanterie à Bonapriso) sur Google. Nous avons confronté l’image à vérifier avec les images de notre équation de recherche. Le résultat de la confrontation conforte la réponse que nous avons eue en commentaire de la part d’un follower. C’est à partir de l’image ci-dessous que nous avons établi le lien avec l’image de vérification et les autres images du même couple que nous avons aussi trouvé sur les réseaux sociaux.
Verdict
En conclusion, nous pouvons dire que l’image ne vient pas de l’Afrique du Sud comme l’indiquait la publication de départ. Cette image a été prise au Cameroun, plus précisément à Douala au quartier Bonapriso.
OUI, Marc Brys a le diplôme requis pour entrainer les lions indomptables
Une information en circulation sur Facebook et abondamment transférée sur Wathsapp, laisse croire que le nouvel entraineur des Lions Indomptables n’a pas le diplôme adéquat pour être sur le banc de touche de l’encadrement technique de l’équipe fanion du Cameroun. Marc Brys a-t-il le diplôme requis ?
Nous avons vérifié pour vous. La réponse est OUI
Contexte
Marc Brys est le nouveau sélectionneur des lions indomptables. Le Belge de 62 ans a été porté à la tête de la sélection comme l’a annoncé le ministre des Sports et de l’Education physique, Narcisse Mouelle Kombi, dans un communiqué de presse. L’ancien joueur remplace Rigobert Song dont le contrat arrivé à son terme n’avait pas été renouvelé, en fin février dernier. Dans l’équipe du nouvel entraîneur, on retrouve Giannis Xilouris et l’ancien footballeur congolais Joachim Mununga.
Il aura deux adjoints camerounais : François Omam Biyick, qui signe son retour dans la tanière, et Ashu Cyprien Besong. L’ancien Lion Alioum Boukar est également de retour comme entraîneur adjoint chargé des gardiens de but. Autre ancien international dans le staff, Dany Nounkeu qui est le nouveau Team manager. Germain Noël Essengue est le Team press alors que le Dr William Ngatchou revient comme médecin. Du côté de la coordination des sélections, il y a également du changement, puisque Benjamin Banlock remplace Benoît Angwa.
Juste après la publication du nouveau staff des lions indomptables, la Fecafoot a fait une sortie sur lsa page Facebook pour dire qu’elle a appris tout comme les camerounais la nomination de la nouvelle équipe technique et qu’elle n’a pas été associée au processus. L’instance faitière du football national a adressé une correspondance au Minsep pour dénoncer le non-respect des procédures dans le processus du recrutement du nouvel entraineur. Elle a ensuite annoncé qu’elle ne va pas reconnaitre Marc Brys.
Dans le sillage du front Fecafoot-Minsep, la page Facebook, Le continent camerounais a publié le vendredi 05 avril 2024, une information selon laquelle le nouveau patron de l’encadrement technique de la sélection senior du Cameroun n’a pas le diplôme approprié pour être sur le banc de touche, en indiquant que l’information vient de la Fifa. « Selon la FIFA Mr Marc Brys n’a pas le diplôme d’entraîneur homologué pouvant lui donner accès à un banc d’une équipe Nationale d’un pays. Tout comme un bon Agent de joueurs. Rigobert Song a le Diplôme UFA de Catégorie B. Il est reconnu comme entraîneur FIFA. Le recrutement d’un entraîneur qui sera assuré par la FIFA ne se fait pas au hasard. Il faut que la Fédération du pays concerné approuve la compétence requise du fonctionnaire international. L »État du Cameroun a précipité des choses en ignorant la FIFA. Elle attend des plus amples explications accompagnées des références », peut-on lire. La publication au moment, où nous mettons l’article sous presse enregistre 93 commentaires, 123 partages et 212 réactions. La publication a été également partagée de nombreuses fois dans les groupes WhatsApp. La page en question compte 7600 followers.
Vérification
Nous avons contacté la page Le continent camerounais pour avoir la source de leur information, il n’y a pas eu de réponse. En cas de réaction, nous mettrons à jour l’article.
Pour vérifier cette information, nous sommes allés sur les plateformes de communication de la FIFA, la page Facebook, le compte X ainsi que le site, nous n’avons pas vu une telle information concernant le nouveau coach des lions indomptables.
Nous avons opté pour une recherche par mots-clés sur Google pour avoir une idée précise sur le diplôme de Marc Brys. En prenant en compte les résultats de recherche des sites de football réputés, nous avons constaté que l’information donnée par la page, Le continent camerounais n’est pas juste. Sur le site de transfermarkt, il est indiqué que le technicien belge Marc Brys est titulaire Licence pro UEFA.
Nous avons cherché également à savoir si son diplôme lui permet de prendre la tête d’une sélection nationale. Il ressort sur le site de l’Union des Associations Européennes de Football qu’il propose plusieurs diplômes, notamment la Licence Pro UEFA. « L’UEFA propose des licences aux niveaux C, B, A et Pro, ainsi que des qualifications spécialisées aux niveaux B juniors, juniors Élite A, B gardiens, A gardiens et B futsal », peut-on lire. Lorsqu’on observe, l’on peut se rendre à l’évidence que la catégorie PRO est donc la plus élevée. Outre le fait que c’est le diplôme le plus élevé de l’UEFA, il permet à son détenteur de faire valoir sa compétence à l’international. « Délivrée par l’UEFA, la licence UEFA Pro est l’ultime qualification pour les entraîneurs qui aspirent à un profil international. Cette certification est supérieure à la licence UEFA A et B. Requise pour quiconque souhaite gérer (avec au moins douze semaines de temps d’équipe) une équipe de football au plus haut niveau de leur championnat national, la licence professionnelle de l’UEFA est tout aussi requise pour la participation aux événements sportifs de grandes envergures tels: que la Ligue des champions de l’UEFA et la Ligue Europa », indique le site Sport passion info au sujet des bienfaits de la Licence Pro UEFA.
Regard de l’expert
Nous avons contacté par Messenger, le journaliste sportif Anthony Pla pour avoir son avis sur la publication. Il reconnait d’abord que la Fifa ne s’est pas prononcé sur la nomination du nouvel entraineur sélectionneur du Cameroun. « La FIFA ne s’est jamais exprimée sur cette question », écrit-il. S’agissant de savoir si le diplôme de Marc Brys lui donnait la qualité d’être sélectionneur du Cameroun. Il répond par l’affirmative. « Mais bien sûr, Licence Pro UEFA, il n’y a pas plus haut. S’il n’avait pas sa License, en Belgique son club aurait payé 20-25 000€ d’amende à chaque match », explique l’analyste sportif. « La même chose pour Song. Si Song n’avait pas ses diplômes la Fecafoot aurait payé des amendes à la CAF et FIFA à chaque match », ajoute-t-il.
Verdict
Au terme de notre processus de vérification, nous pouvons dire que la FIFA ne s’est pas prononcée sur le diplôme de Marc Brys. Le coach belge a une Licence Pro UEFA et ce diplôme lui permet d’entrainer à l’international.
NON, il ne s’agit pas du 1er ministre luxembourgeois et sa copine
De nombreux internautes ont partagé cette photo en laissant entendre qu’il s’agit du Premier ministre du Luxembourg avec sa compagne.
Nous avons vérifié pour vous : La réponse est NON
Depuis le jeudi 23 mars 2023, une image en circulation dans les réseaux sociaux montre deux hommes, dont l’un arbore un vêtement féminin extrêmement provocant. Le message qui accompagne cette image indique qu’il s’agit Premier ministre de Luxembourg avec sa femme. « Le 1er ministre luxembourgeois et sa copine le monde est foutu », peut-on lire sur la capture de l’image qui a circulé en boucle dans les groupes WhatsApp. La capture d’image indique qu’il s’agit au départ d’une publication d’un certain Servant Didier.
Vérification
Pour savoir s’il s’agit du Premier ministre de Luxembourg ou pas, nous avons utilisé l’outil de vérification d’image TinEye. L’analyse de l’image par l’outil affiche 17 résultats. En parcourant les résultats, nous nous apercevons que l’image date de 2019. L’un des résultats que nous avons parcouru parle plutôt du vainqueur du concours Eurovision de la chanson 2014, Conchita Wurst avec le directeur de l’Orchestre philharmonique de Vienne qui se sont retrouvés ensemble dans une production d’opéra. La photo avait été prise par le grand musicien bulgare Martin Panteleev qui l’a publiée sur Facebook.
Conclusion
En définitive nous pouvons dire avec exactitude qu’il ne s’agit pas du Premier ministre de Luxembourg avec sa copine, comme nous avons lu sur la capture d’image.
Toutefois, nous pouvons affirmer que le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a pour compagnon un homme. Il s’agit de Gauthier Destenay, comme nous l’indique les résultats de notre recherche sur Google.
NON, le poisson maquereau empoissonné ne circule pas dans les marchés de Douala
Une vidéo montrant des cargaisons de poissons en train d’être incinérées dans une décharge est abondamment relayée depuis ce 21 mars sur la messagerie WhatsApp. L’audio qui l’accompagne explique que ce sont des cinquantaines de conteneurs de poissons maquereaux empoisonnés et commercialisés dans les marchés de Douala.
Stopintox a vérifié pour vous. La réponse est NON
Contexte
La vidéo abondamment partagée dans les groupes WhatsApp est muette. Elle montre des palettes de poissons sorties des conteneurs et directement jetées dans une fosse. L’audio, elle, explique que « ce que vous voyez là ce sont des milliers de poissons maquereau qu’on est en train d’enterrer avant-hier juste au port de Douala. »
Celui qui relate l’histoire précise que l’audio original était en langue et qu’il a pris sur lui de traduire en français pour la compréhension d’un plus grand nombre de personnes. La voix masculine rajoute qu’ « il y a des cinquantaines de conteneurs de poissons maquereau qui sont arrivés. D’autres conteneurs sont déjà vendus et ça circule même déjà.» Avant d’ajouter « Ce sont des maquereaux empoisonnés. Pêchés dans une mer polluée par des produits pétroliers qui a tué des milliards de poissons.» D’après cet audio, les poissons ainsi pêchés ont été ramassés, conservés et envoyés au Cameroun.
Démenti
Suite à la circulation de ces éléments, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, le Gouverneur de la Région du Littoral a donné un point de presse pour remettre la vidéo dans son contexte. « Cette vidéo qui circule a été enregistrée au niveau de la décharge de HYSACAM au 3ème Arrondissement de Douala. Cette destruction s’est faite en présence des Forces de maintien de l’ordre et aucun carton n’est sorti de là puisqu’une ceinture de sécurité été faite jusqu’à ce qu’on ait tout détruit », rassure t-il.
(c) Stopintox
A sa suite, le Dr Victor Viban Banah, délégué régional du ministère de l’Elevage, des Pêches et Industries Animales du Littoral précise que ladite destruction s’est déroulé le jeudi et vendredi 16 et 17 mars 2023. « Il s’agissait simplement d’une cargaison de maquereau importée de la Mauritanie en très bon état comme atteste les documents sanitaires venus de ce pays-là. 4 conteneurs étaient défaillants suite à la défaillance du système de refroidissement des conteneurs. Lors de l’inspection, on s’est rendu compte qu’il y a des signes qui témoignent que ce poisson n’a pas été conservé comme la loi l’exige et le poisson avait commencé à se détériorer. Nous l’avons détruit en présence de toutes les parties concernées et nous avons dressé un procès-verbal», explique le délégué régional du Minepia.
Il ajoute par ailleurs que c’est une action de routine de ses services compétents. Chaque jour, ses collaborateurs descendent dans la ville de Douala ainsi que dans les départements de la région du Littoral, et mènent des inspections dans les abattoirs, au marché, au port et à l’aéroport.
Contactée, l’entreprise importatrice n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Toutefois, elle corrobore les informations données lors du point de presse et souligne avoir porté la première, l’information auprès des autorités.
Une donnée que confirme le délégué régional du Minepia. « Ils ont signalé et ont collaboré. La procédure s’est passée normalement selon la loi. Ils ont même stocké les produits pendant la période de saisie. Quand il fallait la détruire, ils ont escorté pour qu’on détruise.»
Un audio douteux
Autre signe dans l’audio qui accompagne la vidéo et qui peut amener à douter, c’est l’inexactitude des dates et lieu de tournage. L’auteur relève que les poissons sont enterrés avant-hier (19 mars 2023) au port de Douala. Selon le Délégué Minepia qui nous a présenté d’autres images du jour de la destruction de ses 4 conteneurs, l’opération a eu lieu les 16 et 17 mars 2023. Aussi, le Port autonome de Douala ne dispose pas d’une décharge en son sein.
Fact-checking : Voici les étapes pour mener à bien sa vérification
Le 27 septembre dernier, un Webinaire sur comment faire du le fack-checking et le valoriser sur les réseaux sociaux s’est tenu dans le but d’édifier notamment sur les procédures de vérification de l’information. Astuces et modes de financement possible.
L’échange a été organisé par Les Surligneurs France et Belgique spécialisé dans le « Legal Checking » et Datagora, un média français visant à lutter contre la désinformation sur les statistiques sous la modération d’Annie Payep-Nlepe, fondatrice de Stopintox, média camerounais de lutte contre les fake news.
Les organisateurs sont partis du constat que la propagation des fausses nouvelles est de plus en plus récurrente et les personnes engagées contre ce fléau ne savent pas toujours comment faire pour valoriser leurs vérifications en ligne. Il était aussi question d’édifier sur la procédure et la déontologie du fack-checking.
La vigilance de mise
Le process du fact-checking ne diffère pas de celui des médias. Il se fait juste avec plus de vigilance. <<Le point de la vigilance quand on fait du fack-checking c’est laisser la possibilité aux lecteurs de pouvoir vous écrire et dire qu’ils ne sont pas en accord avec ce que vous avez écrit ou que vous vous êtes trompés et vous avez l’obligation de leur répondre>> précise Vincent Couronne Directeur de publication et formateur de les Surligneurs
Cela oblige le média ou le journaliste de faire une correction si besoin et restituer la vraie information et de l’annoncer aux lecteurs. <<Chez nous les Surligneurs nous avons fait en sorte qu’en bas de chaque article il ait une adresse ou un formulaire que les lecteurs peuvent utiliser pour nous écrire >> renchérit Vincent Couronne.
Hormis ce point de vigilance, le reste de la procédure comprend :
– La détection de l’objet à vérifier ( propos, infos et autres)
– Les discussions avec les membres de l’équipe
– La rédaction de l’article
– La relecture par un expert si possible (en fonction du sujet) et par le directeur de rédaction
– Le contact de la personne dont le propos a été vérifié Enter en contact avec la personne Factchekée est une des obligations déontologique du factcheckeur. C’est la méthode TORF expliquée par Vincent Couronne comprend la transparence, l’objectivité, la réplicabilité et la fiabilité
– La relecture
– la publication
A ces étapes il faut prévoir les remarques des lecteurs et des modifications en cas de besoin avec republication et partage sur les plateformes du média. Dans l’article, le lecteur doit pouvoir constater la correction.
A côté de cette procédure à respecter il a aussi été question de savoir choisir son format en fonction de ses objectifs ou des plateformes visées. Les contenus peuvent être visuels, vidéos, ou audio. Toujours bien les choisir pour donner un bel écho à sa vérification. Plusieurs formats existent pour faire du fack-checking à savoir : l’infographie, le fack-check, les podcasts… Mais, le plus classique c’est le fact-check. C’est un article qui vérifie les propos d’une personnalité ou un post sur les réseaux sociaux. Ils ont des insignes qui montrent si l’information est vraie ou fausse.
Donner de la visibilité à ses vérifications
L’autre aspect de la discussion a porté sur comment valoriser ce travail de vérification sur les réseaux sociaux de manière à leur donner de la portée.
Là-dessus, Timothée Gidoin co fondateur de Data Gora donne deux conseils majeurs. Tisser des partenariats avec les influenceurs et médias ayant une forte visibilité et adapter les formats aux plateformes utilisées. Il fait savoir qu’on pourra ainsi adapter l’article écrit en quelque chose de plus imagé/illustré. << Nous faisons travailler des graphistes spécialisés dans l’animation avec nos journalistes. Ils mettent des effets dynamiques qui permettent normalement de faire en sorte que le rendu soit réussi >> précise t-il.
Comment financer son média de factcheking ?
Le modèle de financement du fack-checking n’est pas encore stable d’après les échanges. Il y’a deux cas de figures. Des fack-checkeurs qui sont une rubrique d’un média déjà existant et des médias de fack-checking spécialisés dans la lutte contre la désinformation. << c’est difficile pour un media qui fait uniquement du fack-checking de vivre seulement sur l’abonnement. La plupart du temps ça ne fonctionne pas>>. Confie Vincent Couronne.
Les intervenants ont toutefois partagé quelques tuyaux. Comme il s’agit d’une activité d’un intérêt particulier depuis quelques années, il existe des financements ciblés comme l’OIF, la Commission européenne (DG Connect, Regio, Connecting Europe Facility…) mais aussi des initiatives privées : comme European Media and Information Fund, Google News Initiative, Meta, Tik Tok, Open Society, etc. Vincent Couronne de « Les Surligneurs » de partager une dernière astuce « Pour rester indépendant il faut éviter d’avoir un financement qui va à plus de 25% ».
NON, la plaque de construction de la route Ebolowa-Akom2-Kribi n’a pas été installée suite aux mouvements d’humeur des populations
Le 27 septembre 2021, les populations de la localité d’Akom 2 dans la région du Sud Cameroun initient un mouvement d’humeur. Ils bloquent la route aux élites du coin venus pour le renouvellement des organes de base du RDPC, parti au pouvoir. Deux jours après, une plaque d’information du chantier de construction de ladite route fait le tour de la toile avec les commentaires qui indiquent les revendications des populations ont été prises en compte. Est ce bien le cas?
Nous avons vérifié. La réponse est: NON
Le 29 septembre 2021, la page de « Haman Cameroun officielle» avec 92.197 personnes abonnées écrivait ceci sur Facebook. « WEEEEKÈÈÈ Gouvernement de malheur. Donc il a fallu que les populations bloquent une route pour venir enfoncer des bois avec des écrits bizarres comme ça. Route EBOLOWA-AKOM2-KRIBI Nous comprenons aussi finalement que le Cameroun se gère comme une chefferie de famille« . Ledit post a enregistré 170 réactions, 64 commentaires et 24 partages.
la pose de la plaque le 29 septembre 2021
Plusieurs publications de ce genre pullulent non seulement sur les réseaux sociaux mais également dans les médias traditionnels. La Une du quotidien d’expression anglaise « The Guardian Post Daily » du 1er Octobre 2021, indique que « Quand certains Camerounais sont plus Camerounais. Le gouvernement répond à la hâte aux demandes de protestation dans la région de Biya. Deux ministres se précipitent sur les lieux du jour au lendemain pour supplier les manifestants. Met à disposition 200 M CFA pour l’approvisionnement en électricité. Érige un panneau de projet pour signaler le goudronnage imminent de la route qui a déclenché une manifestation ».
Projet maturé et en recherche de financement
Le ministère des Travaux Publics est le maitre d’ouvrage du projet des travaux de construction de cette route Ebolowa – Akom II – Kribi et les voies de contournement Ebolowa- Akom II (81.60Km) contournement d’Ebolowa (1.4km) bretelle d’Akom II (4km) Akom II –Kribi (80Km) contournement de Kribi (12,3Km). À la cellule de communication du on dément cette information.
«La plaque qui est là, n’y est pas du fait du mouvement d’humeur observé comme beaucoup tendent à le faire savoir. Car, le temps qu’a duré cette grève ne peut permettre qu’on commence et achève les études de construction d’une telle infrastructure, qu’on mobilise les financements, qu’on attribue le marché….donc il faut éviter de faire passer une telle information à l’opinion ».
Précise Romaric Landry Alima
Avant d’ajouter que « la construction de cette route reste une priorité pour les pouvoirs publics, comme beaucoup d’autres disponibles dans la banque des projets dont les études sont achevées et à recherche de financement susceptible de démarrer dès l’année prochaine… et suivant »
Les travaux pourraient démarrer en 2022
Quand on consulte la fiche des projets matures au plan technique et à la recherche de financement passée en revue par le ministre des Travaux Publics au mois de mai 2021, pour la prise en compte desdits projets dans la programmation budgétaire triennale 2022-2024 on constate que c’est une infrastructure qui figure dans l’ensemble des projets déjà maturés au plan technique mais qui sont à la recherche de financement. Le projet numéro 10 de la fiche mise à notre disposition est bien intitulé « Travaux de construction de la route Ebolowa-Akom II- Kribi.» Il est localisé au dans la région du Sud sur la nationale N° 17. Le montant du financement en milliards indique 179,60. Dans la case niveau de maturation, les informations qui y figurent précisent que l’avant-projet détaillé et DCE disponibles. Contrat commercial signé. Négociation en cours avec la Standard Chartered Bank. L’année prévisionnelle de démarrage 2022.
Plaque d’informations datant de février 2020
Au sujet de la plaque d’information qui aurait été implantée pour calmer la colère des populations suite aux mouvements d’humeurs, la rumeur qui circule est fausse.
Joint au téléphone, Nestor Abdouraman, le délégué régional du ministère des travaux publics du Sud et ingénieur du marché tel que inscrit sur ladite plaque énonce que « La plaque a été placé depuis février 2020» avant de relever quelques in-conformités sur celle-ci
« La plaque ne contient pas les informations sur le numéro du contrat car il n’y a pas de contrat, il n’y a pas le numéro du marché, ni du financement. Le ministre avait anticipé et leur avait demandé de venir traiter les points critiques c’est-à-dire le point où il y a les bourbiers pour qu’au moins la circulation puisse se faire en attendant qu’on puisse passer le contrat en bonne et due forme.»
Nestor Abdouraman, le délégué régional du ministère des travaux publics du Sud
C’est donc pour traiter les points critiques de la route et faciliter la circulation que l’entreprise Gruppo ICM s’est activée sur le terrain en 2020 avant de se démobiliser car les procédures de négociation n’aboutissaient pas pour permettre la signature du contrat de construction de ladite route. La plaque d’information qui fait le tour des médias et des réseaux sociaux est donc là depuis.
La construction de la route Ebolowa-Akom II-Kribi a été attribuée à Gruppo CMC à la suite de la visite d’État effectuée par Paul Biya du 20 au 22 mars 2017 en Italie, comme le révèle cette article publié sur le site investir au Cameroun.
Armelle Sitchoma