Annie Payep -Nlepe : « Il faut adopter une loi qui oblige les détenteurs du pouvoir public à répondre aux journalistes »

La journaliste et fondatrice de Stopintox a fait cette déclaration au cours de la deuxième édition de la All AFFCameroon Conference qui s’est tenue à Yaoundé du 27 au 28 mars 2024.

La rencontre cette année était placée sous le thème « lutte contre les menaces numériques aux élections au Cameroun : stratégies de lutte contre la désinformation en période électorale ». Stopintox, partenaire de cet évènement a pris part à une table ronde sur le thème : « Média, désinformation et Démocratie au Cameroun : comment faciliter l’accès à l’information et la protection des sources/journalistes ». Les propos d’Annie Payep-Nlepe, Directrice de publication de Stopintox se sont articulés autour de la responsabilité des journalistes en période électorale et la nécessité pour les pouvoirs publics de donner l’information aux journalistes/

Faire de la période électorale, un moment de démocratie

La période électorale charrie beaucoup de passion du fait des enjeux. Toutefois, les acteurs du moment doivent tout faire pour que l’enjeu électoral ne prenne pas le pas sur le jeu électoral. Dans ce défi, Annie Payep-Nlepe interpelle la corporation des journalistes à faire leur travail en tenant compte de la sensibilité de certaines informations qui peuvent mettre le feu dans la baraque nationale.  « En période électorale plus que d’autres moments de la vie de la nation, les tensions sont vives et je pense que c’est encore plus perceptible dans nos pays où la démocratie n’est pas encore à son niveau idéal. Les institutions ne garantissent pas toujours la clairvoyance des choses, ce qui suscite doute, manque de confiance, soupçon de détournement des voix, etc. Toute cette ambiance a un impact sur comment est-ce que nous on attend une élection. C’est un moment difficile, c’est un moment exceptionnel qui ne faut pas prendre à la légère ». a déclaré la journaliste. Elle a ensuite évoqué la nécessité pour le journaliste de s’armer pour aborder la période électorale de manière à ne pas créer ou inventer l’information mais dire uniquement ce qui est vrai et donner la bonne information.

Annie Payep-Nlepe intervenant au cours d’un atelier pendant la ALL AFFCameroon Conference

L’accès à l’information, un impératif catégorique

Comme les autres panélistes présents à l’instar de Xavier Messe, directeur de publication de le Calame.net ….. la femme de média pense que l’accès à l’information ne doit pas être à tête chercheuse. Le détenteur du pouvoir ne doit pas privilégier uniquement les supports médiatiques à capitaux publics, ou ceux qui lui sont favorables, et encore moins le visage du journaliste qui recherche l’information. « J’ai toujours dit qu’on a beau lutter contre les fausses informations, tant qu’on n’a pas accès aux données, tant qu’on n’a pas accès aux sources d’informations comme dans le journalisme en général, ça rend le travail plus difficile, plus compliqué et le résultat évidement plus faible. Prenant l’exemple de ce qui se fait ailleurs, Annie Payep-Nlepe a rappelé qu’il est du devoir l’autorité publique de mettre à la disposition des journalistes, les informations dont ils ont besoin pour bien faire leur travail. « Ce n’est pas normal que ce soit parce que je connais Annie Payep personnellement, que je vais lui répondre par rapport à telle information qu’elle vient recouper. Ce sont les impôts des camerounais qui payent les fonctionnaires et les fonctionnaires ont l’obligation de tout faire pour que chaque corps de la société puisse travailler en paix et puisse bien faire son travail. Moi je pense qu’il faut adopter une loi qui oblige les détenteurs du pouvoir public à répondre obligatoirement aux journalistes ».

Une protection absolue des sources

Peu importe les situations Annie Payep-Nlepe pense que la source du journaliste doit être protégée.  Elle insiste encore sur la disponibilité et l’accès à l’information. Elle propose qu’on crée un cadre adéquat pour rendre l’information en temps normal et en période électorale pour la fluidité de l’information. « La loi de 90 protège les sources d’information. C’est un droit protégé partout dans le monde. La loi établit très bien dans quel cadre, il peut être obligé à dévoiler sa source. Mais l’article 107 du code pénal vient vous obliger devant des militaires, des policiers, lors d’un interrogatoire à donner le nom de votre source sous des prétextes discutables. Ce n’est pas normal ». A martelé la journaliste.

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