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Non, aucune maman n’est décédée et n’a perdu 4 enfants dans la tuerie de Kumba
Dans un tweet partagé plus de 500 fois en deux jours, une internaute affirme qu’une sœur à sa voisine est décédée après avoir perdu 4 enfants dans le massacre de sept enfants dans une école à Kumba.
Nous avons vérifié pour vous, la réponse est : NON
Le tweet qui contient la désinformation dit ceci «A peine entrée à la maison j’apprends le décès de la soeur de ma voisine qui a perdu ces 04 enfants dans ce massacre ! Elle venait constamment à dla pour acheter la marchandise et rentrer vendre la bas à kumba! Elle est morte sur le champ après avoir appris la nouvelle! »
Dans un second tweet, l’auteure ajoute que «J’ai laissé la femme là bien portante ce matin. Elle m’a taquiné ce matin.»
Le post en 2 jours a enregistré 398 Retweets, 179 tweets cités, 534 likes et 63 commentaires. La capture de ce tweet fait le tour de plusieurs groupes et compte whatsapp. L’infox est repris par plusieurs médias conventionnels et en ligne.
Le président du parti politique Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) dans son message après l’attaque du collège Mother Francisca International Bilingual Academy, diffusé dans le journal télévisé d’Equinoxe Tv du 27 octobre 2020 et consultable sur leur page facebook, indique entre la 9mins 38 secs et 9mins 55 secs que, « des informations relayés à la suite de cette tragédie font état de ce que la mère de 4 des enfants assassinés, aurait rendu l’âme après avoir été informée de cette tragédie.»
Cette édition du journal télévisé en 12heures a enregistré 1.600 réactions, 5. 300 commentaires et 515 partages.
7 élèves tués et 13 blessés
L’horrible attaque du collège Mother Francisca International Bilingual Academy sis à Bamelike street au quartier Fiango dans la ville de Kumba a fait 7 morts, des élèves âgés entre 9 et 12 ans. Comme le confirme Réné Emmanuel Sadi, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement du Cameroun.
«(…)En effet, un groupe de près d’une dizaine de terroristes, munis d’armes de guerre et constitués en véritable commando, a fait irruption, à bord de trois motocyclettes, dans l’enceinte du complexe scolaire privé dénommé « Mother Francisca International Bilingual Academy », et a froidement ouvert le feu sur des élèves se trouvant dans les salles de classe. Le premier bilan de cet attentat terroriste fait état de : – six (06) élèves assassinés, soit cinq (05) filles et un (01) garçon, tous âgés entre neuf (09) et douze (12) ans ; – treize (13) blessés, soit dix (10) filles et trois (03) garçons, dont sept (07) cas avérés préoccupants.»
monitoring des médias
Après monitoring de plusieurs journaux parlés et télévisés des médias depuis la survenue de cette attaque, nous sommes tombés sur le journal télévisé bilingue édition du 25 octobre 2020 consultable sur la page Facebook, d’Equinoxe Tv, une télévision privée avec des correspondants sur place.
Dans cette édition, le média donne la parole aux parents des victimes. Il ressort que la famille du pasteur Boniface Ngameni a perdu son fils Victory Caminbon Ngamenyi âgé de 10 ans. Che Francis ne reverra plus jamais Che Tehma Nchangnwi, 11 ans. Monsieur Kingsley Ngu ne verra plus le sourire de la petite Jenifer Anamgin, 12 ans. La famille Zakame Julius a perdu Rema Zakame 9 ans, sur son lit d’hôpital. Les parents ont échangé avec la petite avant qu’elle ne rende l’âme.
Scénario presque semblable avec la famille Ngwane. Selon le témoignage de Claude Ngwane, le papa du 7ième cas de décès, dans le même reportage, il était à la maison non loin de l’école quand il a entendu les coups de feu. «Je me suis précipité à l’école et le vigile m’a dit qu’on a tiré sur mon enfant. Quand je l’ai vu j’ai cru qu’on a tiré sur sa main. Je l’ai transporté sur la moto pour l’hôpital. C’est là qu’on m’a dit que l’enfant a reçu une balle au ventre. » Renny Ngwane est décédé le 25 octobre à l’hôpital de Mutengene.
Ce qui n’a pas été le cas pour Che Francis. Sa fille Che Tehma Nchangnwi, 11 ans, fait partie des victimes décédées sur place. C’est aussi le cas pour Nguemone Princesse, 12 ans, et Shenia Syndi 12 ans décédées sur place et respectivement les enfants de Nkem Joseph et Tita John.
Des familles sous le choc
Ce sont là, les familles des sept élèves tués lors de ce qui est désormais appelé le massacre de Kumba. Six filles et un garçon. Des victimes âgées entre 9 et 12 ans. Les cadavres ont été déposés à la morgue de l’hôpital de district de Kumba. Les blessés ont été conduits à l’hôpital Mayemene Annexe de Kumba et dans des hôpitaux de Buea et de Mutengene.
Dans ce reportage aucun parent de victimes du massacre de Kumba n’indique avoir perdu une conjointe à cause de ce drame. Outre des médias qui partagent cette désinformation, aucun n’indique qu’une maman est décédée après ce carnage. Contactés, les journalistes exerçants dans la ville de Kumba précisent que c’est un fake. S’ils avouent que les parents sont sous le choc, ils rassurent qu’aucun parent des victimes n’est décédé depuis la survenue de ce tragique évènement