La vingtaine de jeunes de la 10e cohorte de AFF Cameroon a reçu des rudiments sur la manière la plus efficace de vérifier les informations pendant les élections. La session était animée par Annie payep-Nlepe, fondatrice Stopintox.cm.

En prélude aux élections présidentielles de 2025, certains journalistes de la 10e cohorte du programme Africa Fact-Checking Fellowship Cameroon (AFFCameroon) de DefyHateNow ont reçu une session de formation sur le fact-checking en période électorale, ce jeudi 31 octobre à Douala. L’une de ses sessions, animée par Annie Payep-Nlepe, journaliste et fondatrice du site de vérification d’informations stopintox.cm, avait pour objectif de renforcer les compétences des journalistes face à la prolifération des fausses informations, notamment durant les élections. Elle a ouvert la session en expliquant les origines et l’importance du fact-checking, en particulier en période électorale. « Au départ, le fact-checking était utilisé pour confronter les dires des experts ou des hommes publics lors des débats », a-t-elle souligné.

Au cours de sa présentation, la journaliste a abordé les techniques modernes de désinformation, en insistant sur l’impact croissant de l’intelligence artificielle (IA) dans la manipulation de l’information. Selon elle, l’IA peut être utilisée pour faciliter des attaques d’hameçonnage, la cybercriminalité et la propagation de fausses informations. En outre, elle a évoqué l’utilisation d’algorithmes sur les réseaux sociaux, qui permettent de cibler des électeurs spécifiques avec des messages politiques. « Ces algorithmes vous placent dans une sorte de bulles d’informations qui confirment votre vision des choses, ce qui vous empêche de faire preuve d’esprit critique, de remettre en question vos propres idées », a expliqué la formatrice.

Elle a aussi mis en lumière les fausses nouvelles diffusées pendant les élections de 2018, notamment celle qui prétendait que le candidat à la présidentielle, Cabral Libii, était un « pion » du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) et qu’il collaborait secrètement avec le parti au pouvoir. « Aucune preuve n’a pu démontrer que cette information était vraie, pourtant beaucoup de gens en ont parlé et d’autres y croyaient », a-t-elle précisé.

Comment faire face aux fake News ?

L’un des points clés de cette formation a été la manière de lutter contre la propagation des fake news, surtout en période électorale. Elle a donné aux journalistes des questions essentielles à se poser chaque fois qu’ils reçoivent une information douteuse. Il s’agit par exemple de chercher à savoir qui est l’auteur de l’information ? Quand a-t-elle été diffusée ? Sur quelles sources l’auteur s’appuie-t-il et sont-elles crédibles ? Quel est l’objectif de la publication ? Peut-on retrouver cette information ailleurs ? Elle a également insisté sur l’importance de toujours vérifier la source de l’information, de la croiser avec d’autres sources fiables et de décrypter les images. « Il est essentiel de ne pas se laisser piéger par des sites satiriques et de ne jamais partager une information tant que sa véracité n’est pas vérifiée », a-t-elle conseillé.

Les outils et méthodes de vérification

Pour compléter sa formation, Annie Payep a présenté plusieurs outils et méthodes que les journalistes peuvent utiliser pour vérifier les informations. Elle a recommandé des outils tels que le moteur de recherche Google Reverse, TinEye, InVID et « Fake Image Detector ». Elle a aussi évoqué l’importance de l’observation minutieuse des détails, comme les noms de rues, de consulter les sources d’origine et de contacter les personnes concernées pour vérifier les faits.

LIRE AUSSI : Désinformation : astuces pour contrer les fakes news

Cette formation a permis aux journalistes de mieux appréhender les enjeux du fact-checking, un outil essentiel pour lutter contre la désinformation et garantir l’intégrité de l’information en période électorale. Face à l’augmentation des fausses informations et des manipulations sur les réseaux sociaux, cette initiative s’inscrit dans un effort plus large visant à renforcer la professionnalisation des médias et à garantir une information fiable et vérifiable aux citoyens, en particulier lors des élections.