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10 jours pour comprendre la guerre informationnelle aux USA et faire front contre la désinformation
C’est l’objectif du programme dénommé « contrer la désinformation » initié par l’ambassade des Etats-Unis qui a permis à 10 journalistes camerounais de séjourner à Cleveland et à Washington D.C pour un partage d’expériences avec des experts.
L’affaire de la chaine de télévision Fox News contre Dominion Voting System sur le trucage des élections américaines de 2020 avec les machines de vote est un cas d’école. L’exemple cité est repris par la plupart des experts que la délégation de journalistes Camerounais a rencontrés durant leur séjour du 15 au 26 avril 2023 aux Etats-Unis.
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À l’école de communication et département de sciences politiques de l’université de l’État de l’Ohio visité par la délégation camerounaise le 21 avril 2023 dans l’Etat de Colombus, le sujet sur la désinformation est pris très au sérieux. Pour Kelly Garrett, professeur et directeur de ladite école de communication, les biais de perception de la désinformation sont fonctions de l’appartenance à une chapelle politique aux Etats-Unis. Les médias y jouent un grand rôle. D’après une observation, la plupart du temps, quand les faits sont clairs, elle est à tendance de la gauche alors que quand c’est faux, les militants de la droite sont plus enclins à y croire. L’environnement politique et les caractéristiques sociales y sont donc des moteurs qui favorisent la désinformation qu’on soit d’un bord politique ou de l’autre.
Autre lieu, même engouement. Le Community Research Institute de la Baldwin Wallace University à Cleveland. Le Pr. Thomas Sutton est le Directeur de l’Institut de recherche communautaire qui reçoit la délégation pour un échange. L’institut dont il a la charge a réalisé plusieurs sondages durant plusieurs campagnes électorales américaines. Pour lui, les politiques se font élire en jouant sur les peurs des groupes. La politique ne repose pas sur les faits mais sur la persuasion. Les médias sociaux et traditionnels sont les deux catalyseurs de la manipulation et la désinformation. « La liberté d’expression est l’une des libertés les plus protégée mais c’est aussi une faiblesse. Ce que nous voyons sur les réseaux sociaux maintenant c’est beaucoup d’effort de la part des gouvernements fédéraux pour limiter l’accès aux médias sociaux notamment Tik Tok qui collecte les données des utilisateurs ».
Des pistes de lutte contre la manipulation
Ensuite, il y a les médias traditionnels qui véhiculent des biais comme Fox et l’Orient. Leur travail c’est de s’afficher comme des organes de presse normale, pourtant ils cherchent à véhiculer des préjugés. C’est ce qui s’est passé entre Fox News et Dominion Voting System. L’entreprise a intenté un procès contre Fox et le média va payer plus de 787 million de dollars parce qu’elle véhiculait des fausses informations », explique le Pr. Les chaines que le prof. consomme désormais sont triées sur le volet. Les journaux de gauche et ceux de la droite sont proscrits. Le New-York Times, oui. Pour lui c’est un petit peu centre gauche. La National Public Radio aussi. Depuis lors, il a développé la conscience et l’éveil à ce qu’il consomme dans les médias.
Un point de vue partagé par Nicole Kraft, Professeur associé de communication clinique à l’université de l’Etat de l’Ohio. Pour elle et en guise de solution, il faut éduquer les gens en permanence sur comment être responsable de sa consommation de l’information. En cherchant l’information de plusieurs sources et se rassurer que les faits sont exacts. Pour contrer la désinformation, au sein du campus, l’école développe des programmes d’éducation numérique. Avec des jeux qui aident les jeunes à reconnaitre la désinformation, les stratégies mises en place pour propager la désinformation et contribuer ainsi à réduire la diffusion.
Pour Laura Partain, professeur assistant à l’université de l’État de l’Ohio, la désinformation ou la mésinformation ne sont pas toujours une question de logique. Parfois les personnes qui sont plus logiques, croient plus à la désinformation parce que ça épouse des biais qu’ils ont déjà. Il faut amener les gens à la discussion, à accepter qu’ils peuvent être exposés à la désinformation et se tromper, l’essentiel c’est de reconnaitre la faute.
Des médias stables… journalisme de solution
Le périple statois a également conduit la délégation camerounaise au sein de plusieurs rédactions. Tout d’abord, la National Public Radio (NPR). Ideastream est reconnu localement et nationalement comme un modèle innovant pour les médias publics et se distingue des autres organisations médiatiques par un engagement profond en faveur des partenariats communautaires. Le nombre de distinctions qui jonche les allées dudit média, témoigne de la qualité du travail qui y est produit. L’utilisation innovante des médias est la clé du succès de Idiastream. Le modèle du média créé en 2001 combine le contenu de la radio, de la télévision et du web dans une nouvelle organisation de service public à médias multiples axée sur l’éducation et le service public.
Côté presse, le cap a été également mis sur la WOVU 95.9 FM. La station de radio communautaire est logée dans une bâtisse mitoyenne à la Cleveland public Library Garden Valley Branch, dans la 7201 Kinsman Road à Cleveland. Au quotidien, elle diffuse des informations et connecte les résidents de la communauté noire de Cleveland entre elle. WOVU sert surtout de plateforme dynamique pour répondre aux préoccupations de leur communauté, apporter des solutions aux problèmes auxquels les noirs font face notamment la drogue, la violence policière et la haine. La station sert aussi à valoriser les talents locaux et la musique urbaine positive et excelle dans le journalisme de solution. Le Bureau de presse du capitole étatique a été également visité.
Journalisme et liberté d’expression
« Le journaliste joue un important rôle. On ne peut avoir une démocratie qui fonctionne sans une presse qui fonctionne… Lorsque le journaliste échoue, de mauvaises choses arrivent», pense le journaliste Karl Idsvood. Outre le partage d’information sur la désinformation, l’autre point culminant de ces 10 jours d’échange était sur le rôle et la protection des journalistes. Les interventions du personnel du Département d’État des États-Unis – Centres de la presse étrangère, du Comité de protection des journalistes et ceux du Département d’État des États-Unis-Bureau des affaires africaines ont permis de comprendre les relations des États-Unis avec le Cameroun, le soutien à la société civile et la liberté de la presse.
C’est la visite de l’ambassade du Cameroun aux Etats-Unis qui a clôturé le programme d’échange entre les journalistes camerounais et les experts américains en vue d’une meilleure coordination de la lutte contre la désinformation. Le rendez-vous de 10 jours, est une initiative de l’ambassade des États-Unis à Yaoundé avec l’appui technique du Conseil de Cleveland pour les affaires mondiales (CCWA).