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OUI, des ressortissants camerounais en Chine disent avoir besoin d’assistance et souhaitent être évacués hors des villes touchées par le virus
Des ressortissants camerounais vivants à Hubei en Chine réclament-ils de l’aide? Des informations dont état de ce que ces camerounais ont besoin d’assistance multiforme. Nous avons vérifié pour vous. La réponse est OUI.
Le samedi 1er février 2020, la présidente de l’association des camerounais de Chine signe une note faisant le point sur la situation des camerounais vivant dans ce pays frappé par une épidémie de CoronaVirus. Dans ce communiqué Kodi Masso fait savoir qu’aucun camerounais à sa connaissance n’est en situation de détresse en Chine hormis trois étudiants de la ville de Yichang. mis en observation/quarantaine.
Après avoir ajouté qu’aucun étudiant camerounais à sa connaissance n’a demandé un rapatriement, Kodi Masso estime qu’envoyer des informations alarmantes ne peut qu’engendrer la panique au sein de la communauté et mettre peut être en danger les relations diplomatiques entre le Cameroun et leur pays d’accueil, la Chine. Elle remercie ensuite les autorités camerounaises et l’ambassade à Beijing pour leur sollicitude à l’endroit des étudiants en Chine.
Toutes choses que ne confirment pas de nombreux étudiants camerounais contactés par Stopintox ainsi que certains délégués d’étudiants d’autres régions qui disent ne pas se reconnaitre dans ce message. Une position que partage Gildas Simo Fankam, le président Délégué des Étudiants Camerounais de Wuhan, la ville d’où est partie l’épidémie, qui au cours d’une interview accordée au site Afrik-Inform le 31 janvier 2020, affirme que les étudiants et autres ressortissants camerounais n’ont reçu aucun soutien officiel de la part des autorités camerounaises. Il implore le gouvernement camerounais à sortir de son silence pour leur apporter une aide multiforme. Il parle de la panique au sein de la communauté estudiantine à Wuhan. « Ceux qui avaient les moyens de quitter la Chine l’ont déjà fait » rappelle-t-il avant d’ajouter qu’il n’a reçu qu’un coup de fil à titre privé d’un attaché de l’ambassade alors même qu’il avait envoyé, quelques jours avant, une note officielle restée sans réponse. Aucun déploiement en termes de logistique pour leur venir en aide n’ayant été déclenché alors même que les étudiants d’autres pays reçoivent des messages de réconfort de leurs autorités tous les jours se plaint-il.
Alain Bassom, parent dont les jumeaux fréquentent la Hubei economy university va dans la même lancée. Une capture écran de son message de détresse envoyé dans un groupe Wathsapp s’est retrouvée sur la toile. Contacté par Stopintox il fait savoir qu’il se rendra à Yaoundé ce 3 février 2020 s’enquérir auprès des ministères de l’enseignement supérieur, de la santé publique et des relations extérieures du sort réservé à ses enfants et à leurs camarades.
Celui qui affirme par ailleurs avoir lancé le hashtag #BringtBackOurChildren dit ne pas comprendre le silence assourdissant des autorités camerounaises qui ont abandonné leurs ressortissants à leur propre sort. Pas de message réconfortant officiel, pas de communication sur des mesures qui pourraient être prises ou sur des denrées à envoyer. De quoi révolter ce père d’enfants qui précise que si le rapatriement n’est pas la solution, la Chine ayant de bien meilleurs moyens pour prendre en charge des malades en cas de contamination, une évacuation hors des villes contaminées serait salutaire.
L’alerte sur la situation des camerounais à Hubei a été lancée le 29 janvier 2020 par le Dr. Pisso Nseke consultant d’affaires et ancien président, entre 2016 et 2018, de l’association des étudiants camerounais en Chine. Il décide d’adresser via son compte Facebook une lettre ouverte au président Paul Biya pour l’informer de la situation d’environ 300 camerounais qui vivent à Hubei, la province épicentre du Coronavirus.
Contacté par Stopintox, Pisso Nseke affirme que cette lettre ouverte avait pour but d’ attirer l’attention sur la situation des camerounais dans cette zone après deux tentatives infructueuses de joindre l’ambassade du Cameroun en Chine. Le premier mail date du 24 janvier dernier soit au lendemain de l’annonce officielle de la mise en quarantaine de la zone touchée par le virus. Le second courriel est envoyé le 27 janvier aux adresses emails de l’ambassade.
Dans les deux mails, Pisso Nseke réclame des informations sur la situation des camerounais vivants en Chine et essaie d’alerter les autorités sur la nécessité de leur apporter toute assistance possible. Sur la question du moyen utilisé pour contacter l’ambassade, Pisso Nseke répond: « Généralement l’ambassade ne réponds pas aux appels téléphoniques. On a les emails officiels de l’ambassade et le service culturel de l’ambassade chargé des étudiants ».
Les mails resteront sans réponse. Le Dr Nseke fait savoir qu’au 1er février 2020, les camerounais n’avaient reçu aucune nouvelle des autorités camerounaises.
Pour lui, si quelques camerounais pris de panique ont émis au départ l’idée être rapatriés au Cameroun, beaucoup souhaitent désormais une évacuation hors des zones où sévit le virus tout comme l’envoi de soutien financier pouvant leur permettre de se procurer des produits de première nécessité (masques, désinfectants, vivres).
Contacté pour plus d’éclairage sur cette situation et sur ce qui est fait pour venir en aide aux camerounais de Chine, étant donné que les pages officielles de Diplomatie Cameroun sont muettes sur le sujet, la cellule de la communication du ministère des relations extérieures nous renvoie vers les sorties du ministre de la Santé Publique, le Dr Malachie Manaouda qui a notamment fait savoir sur son compte Twitter que jusqu’à la date du 1er février 2020 au soir, le ministère des relations extérieures a fait comprendre au gouvernement qu’aucun camerounais résidant en Chine n’avait sollicité un rapatriement avant d’ajouter que la communauté camerounaise de Wuhan, en majorité estudiantine, « est sous l’encadrement de notre ambassadeur ».
Ce 30 janvier 2020, une note officielle des autorités de la Huazhong University of Science and Technology demande aux étudiants étrangers qui vivent en Chine de se rapprocher de leurs ambassades afin qu’elles prennent attache avec les autorités chinoises pour l’organisation de leur évacuation hors des villes touchées par le Coronavirus.
Le communiqué mentionne par ailleurs que selon la municipalité de Wuhan, seule l’ambassade peut initier une évacuation pour ses ressortissants. « Ce qu’une vingtaine de pays a déjà fait » rappelle Pisso Nseke qui, avec d’autres camerounais à Wuhan, ont le regard tourné vers Yaoundé.
L’équipe de Stopintox a contacté l’ambassade du Cameroun en Chine et reste en attente de réponse. L’ambassadeur de Chine au Cameroun organise par ailleurs ce lundi matin à 10h une rencontre avec les journalistes et la communauté camerounaise intéressée pour faire le point de la situation en Chine.